La table ronde organisée par le Gorée Institute le 06 octobre 2021 sur la recherche de systèmes de gestion et de redistribution des revenus tirés des ressources naturelles au Sénégal et en Afrique a servi de cadre à l’Institut panafricain pour requérir les avis des experts du secteur extractif sur les mécanismes devant être mis en place pour une meilleure gestion et une distribution équitable des ressources naturelles. Dans le même sillage, les spécialistes du domaine extractif ont défini pour le Gorée Institute qui déroule depuis 2018 un projet sur la gouvernance des ressources minérales, le type de contribution que les organisations panafricaines de la société civile devraient apporter pour influencer le changement dans la gestion des ressources.
L’expérience sénégalaise pour cerner les facteurs contraignants
L’exposé de
l’expérience sénégalaise en matière de gestion des ressources naturelles avec
les défis, les leçons apprises, les modèles de bonnes pratiques et les
recommandations, a permis aux participants à la table ronde, spécialisés sur
les questions liées aux ressources extractives, de déceler les différentes
problématiques, les contraintes et les limites de la transparence dans la
gouvernance des ressources minérales au Sénégal et en Afrique de l’Ouest de
manière générale. Ainsi, l'existence d'un cadre juridique et institutionnel de
gestion des ressources minérales avant les découvertes de rang mondial en
hydrocarbures, le financement de la part du Sénégal dans le cadre des contrats
de partage de production avec le risque d'aggravation de la dette, le monopole
de l'Exécutif sur les négociations des contrats, l'absence de loi sur l'accès à
l'information, le conflit d'intérêt de l'Etat en sa double qualité
d'actionnaire et de contrôleur, constituent, entre autres, des limites à la
transparence dans la gouvernance des ressources minérales.
Au vu de tous
ces facteurs contraignants, les experts ont proposé au Gorée Institute qui
oeuvre à favoriser le partage juste et équitable des revenus tirés des
ressources naturelles, une batterie de recommandations pour une
meilleure gestion et une distribution équitable de ces ressources, non sans
préconiser à l’Institut le type de contribution que les OSC panafricaines devraient apporter pour insuffler le changement dans la gestion
des ressources.
Le Code communautaire pour parer aux limites
dans les modèles de contractualisation
Pour ce qui concerne l’équité dans la gestion
et la distribution des ressources, la solution est, de l’avis des experts, la mise
en place d’un Code communautaire qui devrait pouvoir régler les limites
constatées dans les modèles de contractualisation des différents pays. Et dans
l’élaboration de ce Code, ils estiment indispensable l’implication des
communautés, des parlementaires, des collectivités territoriales et de la
société civile, à titre consultatif. Les experts, en plus de recommander le
Code Communautaire, ont dégagé les différents axes du code en question. De ce
fait, ils préconisent la mise en place du Conseil général des mines avant la
négociation de quelques contrats que ce soit. Conseil qui est composé des
représentants des communautés, des parlementaires, des organisations de la société
civile, des représentants des collectivités territoriales et des entreprises exploitantes.
Toujours au cœur de ce Code communautaire, il
convient, selon les avis experts, de prendre en considération les questions
environnementales tells que les études d’impact environnemental, les plans de
gestion et le fonds de réhabilitation. Par ailleurs, pour la mise en place du Code
communautaire, il est nécessaire de porter le plaidoyer et un lobbying avec les
parlementaires nationaux et sous régionaux (CEDEAO), les organisations
intergouvernementales et les réseaux ouest africains d’organisations de la
société civile.
L’élaboration du Code communautaire devra se
faire également avec la création de la Société de Gestion des Mines de
l’Afrique de l’Ouest (SOGEMAO) qui aura pour mission la gestion du potentiel
minier de la sous-région, et pourra ainsi faire de l’exploration et de
l’exploitation. La SOGEMAO va, en outre, s’occuper de la contractualisation
avec d’autres sociétés (multinationales) si elle le juge nécessaire et s’employer
à la ventilation des revenus issus de ses activités, une sorte de péréquation.
Des OSC panafricaines fortes et outillées pour
un plaidoyer de haut niveau
S’agissant de la contribution que devraient apporter les OSC panafricaines pour influencer le changement dans la gestion des ressources naturelles, le groupe de travail d’experts prône le renforcement des capacités des OSC dans tous les domaines, la production des connaissances et le développement d’une expertise pointue en matière de gouvernance des ressources naturelles. Les organisations de la société civile panafricaines devraient aussi prioriser la recherche de fonds pour assurer l’appui institutionnel des OSC. Elles gagneraient également à mettre en place une plateforme des OSC pour mieux faire le plaidoyer de haut niveau, aller vers les communautés qui habitent les zones d’exploitation et recueillir leurs points de vue sur la question et les accompagner. Au niveau local, il serait bien d’harmoniser rigoureusement les interventions des OSC.
Ces dernières auraient aussi besoin de plus de résilience par rapport au financement extérieur. Leur expertise en matière de gouvernance des ressources naturelles devrait être valorisée et toutes leurs initiatives au niveau local devraient faire l’objet de suivi régulier. Les organisations panafricaines de la société civile devraient travailler dans la complémentarité avec les organisations du nord, changer le format de leur collaboration avec les organismes internationaux et créer des centres de recherche universitaires spécialisés dans le domaine. Elles devraient, enfin, travailler davantage avec les institutions étatiques et promouvoir le financement alternatif durable.
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