
Au lendemain du tremblement de terre qui a sérieusement détruit Haïti, l’ancien président sénégalais Me Wade avait dépêché un avion dans l'île pour ramener à Dakar certains parmi ces étudiants haïtiens. Ils étaient tellement choyés par Me Wade qui leur avait réservé un accueil chaleureux, que cela avait provoqué l’ire des étudiants sénégalais. Aujourd’hui, quatre mois après le départ de leur protecteur, nous nous intéressons à ces hôtes du Sénégal, pour savoir ce qu’ils sont devenus avec l’avènement d’un nouveau régime.
En Octobre 2010, soit neuf mois après le tremblement de terre de 7,3 degrés sur l’échelle de Richter, d’une secousse d’une durée d’une minute qui avait détruit Haïti, provoquant des milliers de morts et causant des dégâts incommensurables, l’ancien président sénégalais, Me Wade avait dépêché un avion pour aller chercher des étudiants de ce pays meurtri. Il en ramena au Sénégal 160 qui ont été accueillis comme de petits princes, avec toute la République réunie autour de leurs petits soins. Ils ont même eu droit à une fête au monument de la Renaissance
africaine. Ils ont été logés gratuitement, ont bénéficié de bourses et les portes des universités publiques et des écoles privées du pays leur ont été ouvertes pour pouvoir poursuivre leurs études. Me Wade avait même désigné un responsable pour s’occuper d’eux, en la personne
de Lamine Ba. Et cette façon dont ils ont été choyés, n’avait pas tardée à irriter les étudiants sénégalais qui avaient rué dans les brancards, pour dénoncer un manque de respect des autorités à leur endroit en accordant trop d’égards aux Haïtiens. «Ils sont mieux traités que nous», fulminaient des étudiants, à Dakar. Le départ du pouvoir de leur protecteur, Me Wade, qui les avait confiés d’abord à son ancien collaborateur Lamine Ba, avant de donner le dossier à un colonel, ne semble avoir rien changé dans leurs conditions, si on en croit aux témoignages de certains d'entre eux. Ils continuent à bénéficier de leurs bourses comme avant, à être logés gratuitement et à étudier dans les écoles publiques et privées du pays. Dans le campus universitaire de l’université Cheikh Anta Diop, notamment la cité Aline Sitoé Diatta, ex Claudel, les Haïtiennes jurent que rien n'a changé dans leurs conditions. Ils se disent bien intégrées. Certaines réussissent même à prononcer quelques mots en Wolof. Très courtoises, celles logées aux pavillons B1 et B2, vivent comme si elles étaient chez elles. Au deuxième étage du pavillon B1, se trouve une chambre habitée par des étudiantes haïtiennes. Deux font le linge dans la chambre inondée de bagages de tout genre. Au début, elles nous ont accueillis avec un grand sourire. Seulement, elles se montreront réticentes à nos questions. Elles nous renvoient à leur président de comité pour plus d’informations. Joint par téléphone, ce dernier nous donne rendez-vous à leur immeuble au quartier point E. Un bâtiment luxueux R+3. Un calme plat y règne. Estema William, président du comité des étudiants haïtiens à Dakar nous signifie qu’il est la seule personne habilitée à nous parler.
Notre venue ici n’est pas le projet d’une personne, mais du gouvernement sénégalais»
Ces interrogations sur ce qu’ils sont devenus avec le changement de régime, Estema William, président du comité des étudiants haïtiens à Dakar, ne les trouvent pas justifiées. «Notre venue ici n’est pas le projet d’une personne mais le projet du gouvernement sénégalais», répond-il sêchement à ceux qui avancent cette idée. Précisant clairement que rien n’a changé dans leur vie depuis l’arrivée d’un nouveau régime, il indique : «après le départ du président Abdoulaye Wade, nous sommes dans les mêmes conditions. Le montant de nos bourses n’a pas changé, nous sommes des boursiers comme les étudiants sénégalais, nous percevons 36 000 francs Cfa». Soulignant qu’ils ne se plaignent pas, M. William d’ajouter : «dans quelques mois, nous aurons deux ans ici. Et nous nous considérons comme des Sénégalais». Pour ce qui est des perturbations qui ont marqué le système éducatif public cette année, il dit : «je suis dans une école privée, mais mes compatriotes qui sont à l’université les ont vécues comme tous les autres étudiants sénégalais. Il y a une petite différence sur le système éducatif, mais nous nous sommes adaptés». Impossible de franchir le mur que les étudiants haïtiens avaient érigé. Tous nos efforts pour leur parler se heurtaient à leurs réponses fermes, mais courtoises de nous renvoyer vers leur président de comité, qu’ils présentaient comme le seul habilité à parler à leur nom.
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