
L’introduction des langues nationales à l’école primaire est venue répondre à un besoin de qualité, a soutenu le président de l’Association pour la recherche en éducation pour le développement en Afrique (ARED), Mamadou Amadou Ly, relevant l'existence d'un problème de qualité dans les apprentissages, depuis quelques années. ‘’L’une des raisons de cette baisse de qualité, c’est qu’un enfant qui apprend dans une langue étrangère a déjà un double blocage, celui de la langue et celui de l’apprentissage’’, a-t-il expliqué lors de l’atelier de formation des inspecteurs de l’éducation nationale sur le bilinguisme, ouvert mercredi à l’Ecole nationale d’administration (Ena) de Dakar. Ainsi, pour enlever ce premier blocage, l’organisation a pensé qu’il était important que l’enfant apprenne dans une langue qui lui est familière. C’est pourquoi ARED est venue en 2009 appuyer les efforts de l’Etat et relancer l’expérimentation avec, au début, un nombre réduit de classes. Aujourd’hui, l’expérience a atteint 6000 élèves dans 114 classes des trois départements de Dakar avec deux langues, le wolof et le pulaar. ‘’Même l’Organisation internationale de la Francophonie est en train de financer les Etats africains pour l’introduction des langues nationales à travers le projet Ecole et langues nationales (Elan) en pensant que pour développer le français il faut d’abord passer par les langues locales’’, a expliqué Mamadou Ly. Aujourd’hui, a -t -il ajouté, les acteurs sont convaincus qu’on ne peut pas développer l’éducation dans un pays sans s’appuyer sur les langues locales. Il a rappelé l’expérience menée par l’Etat du Sénégal entre 2002 et 2008. Cette expérience avait déjà montré des résultats satisfaisants malgré les conditions qui n’étaient pas réunies dans la phase-pilote. Ainsi, cela avait débouché sur la conviction que les langues nationales pouvaient améliorer la qualité des enseignements. Avec l’expérimentation du programme de l’Association, ‘’déjà il y a des prémisses de résultats’’, selon le directeur général d’ARED qui pense qu’avant la fin de l’année, l’évaluation systématique va montrer que les élèves qui apprennent dans leurs langues auront les meilleurs résultats que ceux qui le font dans les classes de français. Concernant la rencontre ouverte à Dakar, M. Ly a expliqué qu’il était important de réunir tous les outils nécessaires pour l’expérimentation, mais qu'il fallait aussi former les ressources humaines, notamment les maîtres et les directeurs responsables des classes expérimentales. Dans ce cadre, un plan de formation a été mis en place pour former les enseignants pendant les vacances avec comme principe de ne pas toucher au quantum horaire. Le plan élaboré à cet effet se décline comme suit : pendant les grandes vacances, une formation initiale, une autre au cours des fêtes de Noêl et un recyclage pour les vacances de Pâques. Cette formation de trois jours à l'intention des inspecteurs vise à préparer les formateurs à faire une démultiplication auprès des enseignants pour les fêtes de Pâques. Une équipe technique du ministère de l’Education nationale est mise en place pour aider au pilotage du programme. Pour Khady Diop Mbodji, inspectrice départementale de l'éducation et de la formation de Grand-Dakar, depuis que l'expérimentation a été introduite il y a trois ans, une évaluation a été faite, qui montre des résultats satisfaisants. ''L'année dernière au niveau de l'Iden de Grand-Dakar, la comparaison des classes bilingues avec les autres classes du cycle normal a montré que les performances réalisées dans les classes bilingues étaient meilleures'', selon Mme Mbodi qui prend part à la formation. Avec l'introduction du bilinguisme, les enfants apprennent mieux, a-t-elle soutenu, relevant que le français étant une langue seconde, les élèves viennent au primaire souvent sans avoir la chance de faire le préscolaire pour être initiés au français. Les inspecteurs de l’Education nationale de la région de Dakar prennent part à cette rencontre. Depuis trois ans, l'ARED expérimente les langues nationales à l’école élémentaire. Cependant, cela fait 20 ans que l’ONG travaille dans les langues nationales dans le non formel. Avec l’introduction des langues nationales dans le formel, elle avait commencé par une expérimentation pendant les après midi-libre (lundi, mercredi et vendredi).
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