
La restructuration de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar risque d'entraîner "un émiettement des moyens" destinés à l'enseignement supérieur et "la disparition de l’université sénégalaise", estime son recteur, le professeur Saliou Ndiaye.
Dans une contribution écrite à la Concertation nationale sur l'avenir de l’enseignement supérieur au Sénégal (CNAES), dont l’APS a obtenu copie, M. Ndiaye pense que les propositions contenus dans le pré-rapport du comité de pilotage comportent "plusieurs inconvénients".
Le comité de pilotage de la CNAES a, dans un rapport provisoire, proposé au gouvernement de restructurer l'UCAD en cinq entités appelées à devenir de "véritables espaces d’innovation" de la formation académique.
L'UCAD 1 devra être réservée aux sciences de la santé et du sport, à savoir la médecine, la pharmacie, l'odontologie, les sciences paramédicales et les sciences du sport, explique le comité de pilotage de la CNAES.
L'UCAD 2 comprendra "les sciences, techniques, toutes écoles et instituts de technologie", tandis que l'UCAD 3 abritera les lettres.
L'UCAD 4 devra réunir les sciences de l’éducation et de la formation professionnelle, la Faculté des sciences et technologies de l'éducation et de la formation (FASTEF), le Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI), l'Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (EBAD), l'Ecole supérieure d’économie appliquée (ESEA, ex-ENEA), etc.
A l'UCAD 5 seront enseignés le droit et l'économie.
Selon le professeur Saliou Ndiaye, la cohabitation des entités issues de la restructuration de l’UCAD, sur les sites actuels de l’université de Dakar, sera source de conflits.
La restructuration "de l’UCAD, qui est la conséquence logique de son morcellement, entraînera la disparition de l’université sénégalaise", a-t-il écrit.
Selon lui, l’UCAD est la seule université sénégalaise figurant dans les classements internationaux des institutions académiques.
A son avis, le fait de restructurer l’UCAD en plusieurs entités provoquera "un émiettement des moyens" destinés aux universités.
"Le morcellement de l’UCAD en universités spécialisées est en contradiction avec les enjeux actuels de la formation et de la recherche. Le morcellement de l’UCAD provoquera une augmentation des coûts publics par étudiant par rapport au niveau actuel", a averti le professeur Ndiaye.
Le professeur Abdoulaye Bathily, qui participe à la concertation, estime que cette restructuration doit être soutenue par les moyens nécessaires.
"Il est absolument nécessaire de redimensionner cette université et de renforcer les autres universités. Il faut une répartition équitable des étudiants dans les universités [publiques]. Que les moyens soient renforcés et équitablement répartis entre les universités", a-t-il affirmé.
"Mais, a-t-il averti, il faut faire attention. Il ne faut pas aller dans un démembrement sans que les moyens ne suivent."
"Il faut répartir les moyens et faire de sorte que les autres universités (les centres universitaires régionaux) montent en puissance", a-t-il recommandé aux participants de la CNAES.
La CNAES a démarré samedi, en présence du chef de l'Etat, Macky Sall, d'universitaires et de chefs d'entreprise.
Des députés, leaders de syndicats d'enseignants et des personnes venues de nombreux segments de la société prennent par à ces assises. Cette concertation, qui prend fin mardi, doit permettre à l'enseignement supérieur du Sénégal de "renouer avec l'excellence", selon le président Sall.
Le rapport final de la concertation nationale sera soumis au ministre en charge de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Il sera l'objet d'un conseil présidentiel, selon les organisateurs.
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