
Les résultats du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) ont été dévoilés, hier, dans la journée. Ils sont, dans l’ensemble, mitigés. Une nuance claire a, toutefois, pu être observée : les disparités entre établissements publics et privés. Les collégiens des établissements d’Etat ont subi de plein fouet les grèves à répétition des fonctionnaires.
Lycée d’application Saïdou Nourou Tall. Il est bientôt 14 h. Le soleil est au zénith. L’interminable attente se fait au rythme lent des va-et-vient d’éventails en osier. Les élèves cherchent désespérément un coin d’ombre en attendant la publication des résultats du Bfem. Ils patientent pour la plupart depuis dix heures du matin, heure à laquelle étaient censés être affichés les résultats. Pour certains collégiens, l’ultime épreuve du tableau d’affichage est juste une formalité. D’autres sont moins sûrs d’eux. Pour la plupart des examinés, ce sont les mêmes complaintes. La difficulté des épreuves de mathématiques et de sciences de la vie et de la terre. Jugés «trop difficiles» nombre d’entre eux ont soutenu que ces épreuves n’étaient pas à leur portée. Un avis également partagé par les professeurs. Selon M. Goudiaby, professeur d’éducation physique au lycée d’application Thierno Saïdou Nourou Tall, et Président du jury B pour ce centre d’examen, «beaucoup de candidats ont ramassé un point ou moins dans les disciplines : maths et Svt».
Et, poursuit-il, «le cru de cette année ne s’annonce pas fameux. Les résultats parlent d’eux-mêmes : sur 195 candidats ayant composé [16 des 211 candidats inscrits étaient absents, ndlr], seulement 41 sont admis d’office et trois de plus auront une chance d’être repêchés au second tour». Ces résultats jugés «médiocres» sont, selon notre interlocuteur, principalement dus au fait que «les candidats du centre Saïdou Nourou Tall sont en grande partie des candidats libres qui viennent en examen sans aucune préparation». Pour M. Goudiaby, «les grèves et les perturbations que l’année 2011-2012 a traversées y sont aussi pour quelque chose. Mais, précise-t-il, «le taux de réussite ne diffère pas tellement par rapport à l’année dernière».Devant le tableau d’affichage des résultats, des groupes d’amis sont divisés entre la déception des uns, et la fierté des autres. Pour les recalés, les épreuves de sciences (Sciences de la vie et de la terre ou aux mathématiques) difficiles expliquent leur échec. L’autre jury n’avait pas encore délibéré. Les candidats massés à l’ombre des arbres guettent avec impatience les résultats. Certains ont le visage bouffi, la mine anxieuse.
«Quatre tours pour le Bfem, c’est pédagogiquement et scientifiquement catastrophique»
A quelques jets de pierre du centre B du lycée Saïdou Nourou Tall se trouve la salle des professeurs. Un enseignant d’histoire-géographie, qui préfère garder l’anonymat, rumine sa colère contre l’«absurdité» du processus de l’examen du Bfem de cette année. A l’en croire, «malgré la situation de perturbation de l’année scolaire, quatre tours pour l’examen du Bfem, c’est scientifiquement et pédagogiquement catastrophique». Cette année, à cause des grèves, le ministère de l’Education nationale a décidé de mettre en place deux sessions de deux tours. Mieux, fait remarquer notre interlocuteur, «sachant que, pour chaque session, il est prévu un repêchage pour les élèves notés entre 8 et 9,5 certains vont potentiellement passer quatre fois l’examen». «Où est la pédagogie dans tout ça ?», peste-t-il. Par ailleurs, les sujets de cette année étaient, selon lui, tout à fait réalisables d’autant plus que c’est à partir de 9,5 et non de 10/20 que les élèves sont admis d’office.
On affiche le sourire dans le privé
Au Collège Sacré-Cœur, l’ambiance est plus décontractée. Les élèves attendent en silence dans les escaliers. Pas de trace notoire d’inquiétude sur les visages. A part l’épreuve des Sciences de la vie et de la terre, la majorité des collégiens estime que tous les sujets étaient à leur niveau. Deux collèges, Sacré-Cœur et Sainte-Bernadette, sont regroupés dans ce centre d’examen. Les deux établissements sont du privé. «Ils n’ont pas subi les longs mois de grève du public, et les résultats s’en font nettement sentir», assure Mamadou Sané, Président du jury B dudit centre. Le professeur d’histoire-géographie sait de quoi il parle, il enseigne dans un établissement du public. Avec son jury qui compte 211 candidats, M. Sané pense que 45 à 48 % seront admis d’office. Par ailleurs, note-t-il, «la plupart des recalés seront des candidats libres».
«Dans l’ensemble, les élèves du privé obtiennent de bien meilleurs résultats», précise-t-il, pragmatique. «Les conditions dont ils bénéficient ne sont pas comparables avec celles du public. C’est toujours une question de qualité de la préparation. Mes élèves sont pourtant meilleurs. On leur refuse les moyens de prouver ce qu’ils valent, c’est tout», regrette-t-il. Pour les élèves du privé, que les grèves ont épargnés, le doute n’est que minime face aux difficultés soulevées dans les épreuves de science. Dans les établissements publics, la tension se lit davantage sur les visages. Dans la plupart des cas, le programme de l’année n’a guère pu être achevé. De nombreux professeurs ont pourtant consenti à donner des cours en dehors des heures officielles pour rattraper leur retard. Où ils ont distribué des fascicules pour combler le vide. Mais, le constat qui se dégage est que la bonne volonté parfois ne suffit pas toujours.
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