
Foyer de vives tensions aux origines plurielles, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), à l’instar de bon nombre d’établissements du secteur éducatif, est fortement secouée. Le recteur est revenu hier sur tous ces maux.
A côté de ses collègues et collaborateurs (Des doyens des différentes facultés), le recteur Saliou Ndiaye a tenu d’abord à dessiner le contexte qui a valu à l’Ucad toutes ces turbulences. Il explique : «Dans ce 21ème siècle, à l’instar de toutes les institutions d’enseignement supérieur dans le monde et surtout en Afrique, l’Ucad est d’abord confrontée à une crise du financement. Malgré les énormes efforts consentis par les autorités publiques, les ressources et les moyens mis à sa disposition restent relativement insuffisants eu égard à l’ampleur des besoins surtout ceux liés à la modernisation comme la forte introduction des Tics et des équipements de la recherche de plus en plus sophistiqués et coûteux. A l’instar des universités africaines, elle subit les contrecoups des mutations démographiques qui traversent nos sociétés en général, caractérisées par une population jeune, donc en âge de scolarisation. Ce qui est à l’origine de la forte demande sociale en matière d’enseignement supérieur qui pose un problème d’accès.»
80 000 étudiants pour 1500 enseignants
L’accès à l’université est par la force des choses devenu problématique en raison de la demande qui dépasse de très loin l’offre. Les statistiques livrées par le recteur en attestent. Il informe : «En 2012, notre pays a enregistré un total de 33 835 élèves admis au bac (dont 4 097 de plus de 23 ans) toutes séries confondues. Sur ces 33 835 bacheliers, l’Ucad a traité 26 363 dossiers d’admission soit les 78% du total et en a retenu 19 424, ce qui signifie que les 73% des demandes d’admission ont été satisfaites et réparties entre les différentes écoles et facultés de l’université. Ils représentent 58% des bacheliers de 2012. Nous attendons 80 000 étudiants, nouveaux et anciens, cette année à l’Ucad pour une capacité d’accueil maximale de 10 000 places pédagogiques pour 1 500 enseignants. Ce qui constitue un record absolu quand on sait que la moyenne des effectifs des universités françaises gravite autour de 20 000 étudiants. La comparaison avec l’université de Beijing qui compte 16 073 professeurs et 29 617 étudiants et la France où la moyenne est de 20 000 étudiants par université à titre d’exemple.»
Le recteur pense qu’au-delà de la question de l’accueil et de l’orientation des nouveaux bacheliers, se pose celle de la qualité de la formation proposée. Pour lui, il est aberrant d’accueillir à outrance des bacheliers sans penser à la qualité de la formation et aux conditions dans lesquelles cette formation est dispensée. Le contrat de performance signé avec l’Etat du Sénégal entre en effet dans le souci de l’amélioration des conditions d’existence, d’étude et de performance des acteurs de l’université. Le système Lmd (Licence-master-doctorat) inoculé dans l’Ucad depuis 2004 pose de réels problèmes, même si, de l’avis du recteur, il correspond à un nécessaire besoin de réajustement par rapport à ce qui se fait partout dans le monde. Se prononçant sur le cas des étudiants de la Licence 3 de géographie qui n’ont pas été autorisés à s’inscrire en Master, il observe : «Ces étudiants n’ont pas la Licence. Alors qu’il fallait 7 Unités de valeur pour passer en Licence, ils en ont obtenu 6. Donc, ils ne peuvent pas aller en Master. On ne peut pas revenir sur les délibérations d’un jury. Les textes ont été scrupuleusement respectés et tant que je serai là, je continuerai à le faire.» Pour Saliou Ndiaye, tous les étudiants qui ont pu être repêchés l’ont été. Sauf ceux dont les notes qui tournent aux alentours de 8 sur 20. A son avis, revenir sur cette délibération reviendrait à ébranler les fondements de l’université.
0 Commentaires
Participer à la Discussion