Abdoulaye Diaw, chroniqueur sportif : " Le Sénégal a des chances de faire un bon résultat en Côte d’Ivoire "

Grande icône dans le monde du journalisme sportif sénégalais, Abdoulaye Diaw nous livre ses impressions sur la liste des Lions présents à Abidjan, la non-sélection de Demba Bâ  et donne son analyse du match décisif d'aujourd’hui. Non sans donner de conseils aux joueurs avec la pertinence qu'on lui connaît. Entretien.

Que pensez-vous de la liste des joueurs convoqués par Alain Giresse ?

Assez équilibrée. Une équipe nationale, c’est deux portes une pour entrer et une pour sortir. Mais nous avons constaté que le groupe n’est pas loin de celui qui a joué les trois (3) ou quatre (4) matches précédents.

La non-sélection de Demba Bâ ne constitue-t-elle pas un handicap pour l’équipe nationale ?

Je suis surpris d’entendre traiter le sujet Demba Bâ qui n’en est pas un parce qu’on arrive à l’équipe nationale depuis le club. Or il ne joue pas en club et est atteint moralement. Il ne devrait même pas avoir l’esprit en équipe nationale. Comme il ne joue pas en club, aucun entraîneur au monde ne prendrait le risque de le faire venir en équipe nationale et se retrouver face à la gâchette des observateurs en cas de non succès.

Le Sénégal a-t-il des chances de faire un résultat positif ?

Le Sénégal a des chances de faire un bon résultat en Côte d’Ivoire (...). Tous les matches ne se ressemblent pas. Le Sénégal a mené deux (2) fois au score avant de se faire rejoindre et battre à dix (10) minutes de la fin (N.d.r. : match aller du dernier tour des éliminatoires de la Can 2013). Alors que la Côte d’Ivoire était resté six (6) ans sans être inquiétée à domicile. En un an, beaucoup de choses se sont passées. La pression est du côté des Ivoiriens qui sont favoris. Cependant tout reste possible.

Le Sénégal ferait-il une erreur de se concentrer sur Yaya Touré, Gervinho et Drogba ?

Bien entendu que oui, ce serait une erreur. Les Sénégalais sont " anti-star ". Ils sont capables de se mesurer aux meilleurs joueurs du monde et de dégringoler le lendemain face aux plus mauvais. Ils prennent toujours le poids ou la dimension de l’adversaire du jour. Donc ce ne serait pas du style des Sénégalais de faire des plans contre deux (2) ou trois (3) joueurs en particulier, bien au contraire.

Pensez vous que la stratégie des derniers matches du Sénégal puisse faire la différence cette fois ?

C’est souvent tributaire de l’adversaire. Sur le plan tactique, il est d’ailleurs plus facile de s’organiser chez l’adversaire que chez soi. La maturité tactique et le professionnalisme d’Alain Giresse peuvent aider à trouver la bonne méthode dès le coup d’envoi (...) les matches se gagnent en un instant, même s'ils peuvent durer cent vingts (120) minutes.

Et si vous aviez un conseil à donner aux joueurs ?

De se faire plaisir aux côtés de ces géants du football africain et être dignes de la dimension de l’adversaire. Ils devront être vigilants. L’expérience n’est rien d’autre que la malice, le fait de savoir lire la situation du moment. Grandir tout au long du match au contact de Drogba, Yaya Touré et des autres.

Le Sénégal a donc sa chance à jouer ?

Oui, j’y crois avec cette équipe du Sénégal.

Votre mot de la fin ?

C’est de ne pas perdre de vue l’éthique sportive. Ne nous collons pas la pression, nous pouvons gagner comme nous pouvons perdre : victoire et défaite, en football, sont étroitement liées. Il faut éviter de tout chambouler en cas de non qualification.