L'Université Cheikh Anta Diop a été classée première en Afrique francophone par EduRank. Recteur de l’Ucad, le Pr Ahmadou Aly Mbaye se félicite de cette performance qui, selon lui, est le résultat du travail de la communauté universitaire et de l'accompagnement de l'Etat au plus haut niveau. Le Recteur Mbaye revient aussi sur l'avantage des universités anglophones et certains critères pas toujours pertinents.
L’UCAD a été classée première en Afrique francophone par EduRank. Comment expliquer cette performance ?
Je pense que c’est le résultat d’un travail collectif, dont le mérite revient à toute la communauté universitaire. Cette communauté recouvre un spectre très large : il y a les enseignants qui font une recherche de qualité et qui prennent en charge les besoins de la société, il y a les étudiants, il y a le personnel administratif technique et de service. Mais il ne faut pas oublier l’Etat. L’Etat finance l’université à presque 100%, les infrastructures, le fonctionnement.
Et on a beaucoup de chance d’avoir un champion. Un champion au sens classique du terme, c’est quelqu’un qui porte des valeurs, des idéaux et qui cherche à les faire triompher. C’est le cas pour notre président. C’est un alumni et sa foi en l’université africaine est indiscutable et personne ne doute non plus des moyens qu’il met en œuvre pour faire triompher ces valeurs et idéaux. Et cela se reflète sur les financements qu’on reçoit, sur l’attention que les universités en général, l’UCAD en particulier continuent de bénéficier de sa part. Je pense que ça aussi, on ne peut pas l’occulter.
En outre, cette performance s’explique par ce que nous faisons et qui s’est reflété sur le classement EduRank. Les principaux critères utilisés dans ce ranking, c’est la réputation, c’est la qualité de la recherche, c’est le niveau d’influence des alumnis et je crois que ce sont des critères objectifs pour mesurer la qualité d’un système éducatif. Par comparaison, je dirai que le classement de Shanghai utilise d’autres critères très contestables et très contestés.
Notre université à une très grande réputation, nous faisons partie de tous les grands réseaux universitaires dans le monde. N’oubliez pas que l’UCAD assure la vice-présidence de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui est un réseau de plus de 1005 universités éparpillées à travers presque tous les continents. L’UCAD fait aussi partie du réseau U7 qui est le réseau qui éclaire le G7 sur un certain nombre de questions d’ordre scientifique. Ce réseau compte 45 universités parmi les plus réputées au monde. Je peux lister tous les grands réseaux dans lesquels l’UCAD est membre, pour montrer que notre réputation, malgré les problèmes, s’améliore au fil du temps.
Il y a aussi la recherche que nous faisons et qui est pertinente dans tous les domaines : la médecine, les sciences de l’ingénieur, les sciences fondamentales, les humanités, les sciences sociales, le Droit, la gestion. Ce sont les disciplines phares de l’enseignement supérieur et l’UCAD y est présente. Donc je crois que notre classement n’a pas été usurpé. Et last but not least, il y a l’impact de nos alumni, de nos diplômés. Le président l’a dit dans son tweet. Il est un alumni, de même que le président Talon (Patrice) qu’il a cité, le président Bazoum (Mouhamed). Mais avant Bazoum, il y avait le président Yayi Boni, le président IBK.
Qu’est-ce que ce classement peut apporter à l’université Cheikh Anta Diop ?
Justement, davantage de rayonnement, parce que c’est un cercle vertueux. La reconnaissance de notre leadership en Afrique contribue à davantage renforcer ce leadership. Une université, c’est des étudiants et des enseignants de talent et avoir cette reconnaissance permet d’attirer plus d’étudiants, plus de chercheurs, plus de partenariat à l’international, plus de financement. Cette reconnaissance impacte positivement notre attractivité qui va davantage contribuer à notre rayonnement.
Ce ranking est une consécration, c’est aussi une exhortation à davantage viser l’excellence, continuer à travailler, à publier dans les revue de qualité, mais également à veiller à ce qu’il y ait moins d’instabilité, et donc moins de perturbations. Et c’est comme ça qu’on aura d’autres distinctions et que l’UCAD sera davantage reconnue en termes de qualité.
Il y a quand même une constance dans tous les classements, c’est que les universités anglophones sont toujours devant. Que doivent faire les francophones pour rattraper ce retard ?
Il y a quelque chose qui est extrêmement importante : l’étalon de mesure de la performance des universités, c’est l’impact. Or, l’impact est fortement influencé par la langue qui véhicule la recherche et la formation. Une bonne revue française va avoir un facteur d’impact qui inférieur à un. Une revue moyenne, en anglais, va avoir un facteur d’impact qui dépasse les 5. Ce n’est pas comparable. C’est la langue qui véhicule la science et on est handicapé par la langue. Mais malgré tout, des collègues se battent. Il y en a qui publient énormément en anglais pour essayer de rattraper ce retard.
L’autre fait, c’est le modèle économique. Nous avons opté pour une éducation gratuite. Ça a beaucoup d’avantages et on peut le voir en nous comparant aux pays qui ont opté pour une éducation payante. Dans ces pays-là, il y a beaucoup d’étudiants qui sont capables, mais qui sont exclus du système, ce que nous ne faisons pas. Mais il ne faut pas non plus négliger les travers d’un tel système.
Quand l’éducation est gratuite, par exemple, le niveau de motivation des apprenants est plus faible. C’est un argument que les gens qui font payer les étudiants mettent en avant. En général, vous êtes plus motivé quand vous payez. Ça c’est un. Deuxièmement, le fait que les familles payent va générer plus de ressources pour suppléer les moyens de l’Etat. C’est donc plus d’argent qu’on peut mettre dans la recherche, surtout la recherche scientifique. Ça demande des équipements, des consommables et énormément de choses. Moi je crois que ce sont les deux facteurs les plus importants, à savoir le modèle financier et la langue.
Vous l’avez évoqué tout à l’heure, il y a apparemment des classements dont les critères posent problèmes.
Oui, le classement de Shanghai par exemple utilise des critères très contestables et très contestés. Par exemple, le nombre de prix Nobel. On ne peut quand même pas dire qu’un scientifique qui n’a pas gagné le prix Nobel n’est pas un scientifique. Il y a dans le monde beaucoup de scientifiques reconnus qui n’ont pas gagné de prix Nobel. En plus, Il faut avoir publié dans Nature ou Sciences. Ce qui est très subjectif. Tout le monde reconnait que Nature et Sciences sont des supports de publication très réputés, mais ce ne sont pas les seuls.
Ensuite, tout le monde sait que ce sont des revues qui privilégient les publications scientifiques, alors que l’université, ce n’est pas que ça. Alors, à mon avis, les critères de EduRank, qui mettent l’accent sur la qualité, la réputation et le leadership des diplômés, sont beaucoup plus objectifs que les critères de Shanghai. Je ne le dis pas, parce que les critères de EduRank classent mieux l’UCAD, mais c’est la réalité.
13 Commentaires
Les labos doivent être financés par les sociétés et les agencées de lEtat
Ancien
En Octobre, 2022 (17:15 PM)#joola.crevés.atlantique
LE niveau des étudiants est extrêmement faible
Aly mbaye a fait 9 mois et il fait de la récupération politique d'un classement bidon comme ça existe en musique ou audience radio.
Tout le monde le sait
Alassane Sagna
En Octobre, 2022 (04:49 AM)