Après une année d’absence de la scène sénégalaise, le leader du « Dandé Lénol », Baaba Maal, a scellé ses retrouvailles avec son public par un spectacle digne de l’artiste. C’était à l’occasion du 22ème anniversaire de son groupe. Le Baaba Maal d’antan semble de retour après des « moments difficiles ». Spectaculaire, toujours fier de ses racines et d’être le porte-drapeau de la culture pulaar, le nouveau Baaba Maal est parmi nous.
Malgré un début tardif (23 heures 30 au lieu des 21 heures prévues), une organisation tatillonne et une sécurité qui laisse à désirer, Baaba Maal a honoré, le vendredi dernier, ses retrouvailles avec ses fans. La grande salle du Centre international de commerce et d’échanges du Sénégal (Cices) a refusé du monde. Les allées de la salle servent maintenant de sièges à nombre de spectateurs. Certains se contentent tout simplement d’adopter une position debout. Aux couleurs les plus bariolés, les fans ont accueilli à l’artiste qui leur gratifie de deux spectacles dignes de sa réputation de grand musicien et de bête de scène.
Vêtu d’un grand boubou et d’un bonnet blanc, Baaba Maal, accompagné de l’ensemble lyrique traditionnel, entonne ses titres. Entre ceux-ci, il en profite pour redire son attachement à ce public qui l’a soutenu malgré les moments difficiles.
Mais surtout de marteler sa « fierté d’être Africain et d’appartenir à l’ethnie pulaar ». Ses invités, servant de choristes, se relaient au micro, à son invite. Au rythme du « xoddou » (guitare traditionnelle équivalent au « xalam »), d’un balafon et d’une guitare sèche électrifiée, l’ensemble revisite le répertoire du leader du « Dandé Lénol » (Porte-drapeau de l’ethnie). Le messager du peuple pulaar se montre à la hauteur des attentes. Ses envolées lyriques, chants et poèmes sont accueillis par des cris de joie. Mais surtout par un ballet incessant, qui a failli gâcher la fête, de nombre de ses fans. Ils lui jettent des billets de banque. Heureux que ces inconditionnels ne lui veuillent que du bien.
L’artiste, qui semble resplendir de forme, ne manque pas de remercier, du fond de son cœur, ce public qu’il dit retrouver avec bonheur.
D’une heure 30 minutes, la première partie tout comme la seconde introduite plus d’une demi-heure plus tard laisse entrevoir des couacs .
Baaba Maal revient sur scène avec une autre tenue traditionnelle, mais sans son chef. Et voilà que rejaillisse ses dreadlocks. Libéré et entraîné par cette musique moderne, le lead-vocal du Dandé Lénol s’en donne à cœur joie à son exercice favori : la chorégraphie. N’est-ce pas lui qui affirme à la fin du spectacle que : « la chorégraphie et la scénographie sont venues à moi au cours de mes concerts à travers le monde ».
Ses danseurs, garçons comme filles, rivalisent d’ardeur. Ils montrent avoir bien assimilé et avoir le rythme dans le sang. A la cadence des tam-tams comme des percussions, exécutés avec brio, les jeunes danseurs, dans un tempo parfait, montrent la maîtrise de leur art. L’artiste les suit, enchaîne et combine souvent avec eux pour le grand plaisir du public. La mauvaise organisation rejaillit sur la prestation du « groupe de spectacle » qui relègue au second plan la chorégraphie qui a pourtant toute son importance dans les spectacles du « Dandé Lénol ».
Et les nombreux artistes invités se relaient à l’unique micro. Des couacs que le lead-vocal met sur le compte des imprévus. Mbaye Dièye Faye tout comme Daro Mbaye sont arrivés à l’improviste et Baaba Baal s’est fait un plaisir de leur laisser le micro.
Au nombre des invités, nombre d’artistes qui cherchent la gloire ou à se faire un nom. « J’ai toujours invité des artistes confirmés, mais je pense qu’il faut donner une chance à tous ces jeunes ».
La cinquantaine bien portante, Baaba Maal après une année d’absence semble avoir sonné le renouveau . Ce militant de la cause africaine affirme : « Je n’ai jamais été révolutionnaire. J’ai toujours chanté les valeurs du continent et pense que l’Afrique ne doit compter que sur elle-même. Je suis heureux d’entendre certains dire non aux Ape », lancera l’artiste pendant le point de presse organisé juste après le concert. Peu avant trois heures, le public commençait à se vider, alors que l’orchestre n’avait pas encore épuisé son répertoire et que nombre d’invités n’avaient encore pu témoigner leur amitié à l’artiste.
« C’est la musique et l’art qui me font vivre. Je ne peux pas me donner à moitié sur scène où je me sens dans mon élément. Je m’évertue à bien me reposer et toujours m’organiser pour toujours me donner à fond », a-t-il soutenu.
Parole d’artiste qui a été élevé au rang d’ambassadeur de bonne volonté pour le Festival mondial des arts nègres (Fesman).
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