ABOU THIOUBALO, ARTISTE-CHANTEUR « J’ai des pouvoirs mystiques»

Abdou Thioubalo est en passe de devenir la révélation de l’été. Auteur de «Solution», le tube phare de son premier album sorti sur le marché il y a deux semaines, le chanteur revient, dans cet entretien, sur son parcours, ses amitiés, ses amours et ses appréhensions dans le milieu du showbiz. En bon Thioubalo (pêcheur), il dit détenir des pouvoirs mystiques. Et ne craint rien dans ce milieu réputé pour des coups bas mystiques que se donnent les acteurs. 

Voudriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Mon vrai nom est Aboubacry Sy dit Abdou Thioubalo. Je suis né à Pikine, j’y ai grandi et y vis. J’ai commencé dans les «Simb» (danses du faux lion), «Mbapatte» (séances de lutte traditionnelles), les cérémonies   de mariage et de baptême. J’ai fréquenté des chanteurs comme feu Ndongo Lô, Ives Niang, Khadim Ndiaye.

Lors de la sortie de votre premier album vous avez fait attendre les gens pendant près de 3 heures. Vous vous prenez déjà pour une star ?

C’est vrai qu’une conférence de presse, c’est entre les journalistes et l’artiste. Mais comme vous le savez, les populations de Pikine sont dévouées, quand elles apprennent qu’un fils de Pikine organise une manifestation, elles tiennent coûte que coûte à y assister. Cela a eu des conséquences dans l’organisation. Et la conférence de presse a démarré avec beaucoup de retard et dans une ambiance bien particulière.  J’en étais conscient. C’est pourquoi, avant de démarrer la conférence de presse, j’ai présenté mes excuses à tous les journalistes pour cet impair. Il faut que les gens me comprennent et soient tolérants. Je viens juste de démarrer, il y a beaucoup de choses que je ne maîtrise pas. Mais je ferai de mon mieux la prochaine fois pour que cela ne se reproduise pas. Je réitère vraiment mes excuses à tout le monde.

Est-ce que vous pouvez revenir sur la préparation de votre album ?

C’est un album que j’ai longtemps préparé. Mais Dieu a décidé que ça devait passer entre les mains de Ndiaga Samb et d’Ibou Ndour, pour être, aujourd’hui, sur le marché. Ils m’ont soutenu. L’album est sorti, il revient au public d’en juger. On m’appelle de partout pour me féliciter. Je ne m’attendais pas à un tel succès. Je dois ce succès au label Prince Art, à Ndiaga Ndour, à toute l’équipe de ce label de la famille Ndour. Aujourd’hui, je récolte les fruits de mon travail alors que je n’ai dépensé aucun sou.

Qu’est-ce qui a changé dans votre quotidien depuis la sortie de votre Cd ?

Il y a eu beaucoup de changements dans ma vie. Depuis la sortie du clip, les gens m’appellent partout où je passe. Ils viennent me serrer la main. Ils m’encouragent. Cet album a créé un vaste élan de sympathie autour de ma personne. Cela a permis à beaucoup de gens qui ne me connaissaient pas de me connaître. Je suis très sensible à cela.

Est-ce que le succès ne vous monte pas dans la tête ?

J’ai eu du succès auprès des gens bien avant la sortie de cet album. Mais il ne m’est jamais arrivé de faire la grosse tête.  On est au Sénégal, si vous faites le malin, les gens vont voir ailleurs.

«Solution», c’est le titre phare de votre album. Vous chantez une histoire d’amour avec des détails bien précis. Est-ce que c’est une histoire vécue ?

Quand on chante, chacun peut se retrouver dans les paroles de la chanson. C’est Kabou Guèye qui a écrit la chanson. J’ai ajouté ma touche personnelle : «tournal bountou Pikine», le «fast-food», des détails pour donner plus de saveur à la chanson. On peut avoir des liens avec une fille, mais avec le temps, cela se transforme en amour. C’est difficile de le lui dire. Ce sont ces genres de situations que j’essaie de chanter dans cet album.

Est-ce à dire que vous aimez une fille, mais vous avez peur de lui avouer votre amour ?

J’aime toutes les filles…

Vous aimez sûrement une fille qui vous fait courir. Quelle est cette fille que vous chantez dans ce morceau ?

Toute personne aime forcément quelqu’un. Mais je ne peux pas, devant un micro, dire c’est telle fille ou telle autre que j’aime. Si je le fais, les autres risquent de se fâcher.

Etes-vous marié ?

Non, je ne suis pas encore marié. Je n’ai pas d’enfant non plus.

Avez-vous une copine ?

Non, je n’ai pas de copine.

Ne risquerez-vous pas d’avoir un problème de choix maintenant que vous êtes devenus célèbres, et que ne pourriez plus savoir qui vous aime ou pas ?

Musique rek !

Qu’est-ce que cela veut dire, ‘’musique rek’’ ?

J’ai toujours eu de bonnes relations avec les filles. Mais, je mets tout dans le cadre de l’amitié. Elles m’aiment bien. Je les aime bien aussi.  

Avez-vous déjà pensé à celle avec qui vous vous marierez ?

Je pense à cela. Je laisse tout entre les mains de Dieu.

Vous êtes rasta. Est-ce que cela ne fait pas fausse note avec le mbalax ?

Les rastas, c’est une question de look. Les gens m’ont connu avec ce look. Je porte ces rastas depuis tout jeune. C’est donc une question de feeling. Cela ne me dérange pas. Je me sens bien dans ma peau avec les dreadlocks. Les gens ne doivent pas me juger à travers cela, mais plutôt à travers ce que je chante. C’est ce qui est le plus important.  

Dans le clip, votre teint paraît plus clair. Certains disent même que vous faites du «Xessal» (dépigmentation), est-ce le cas ?

Je ne mets même pas de lait de corps. Je suis apparue plus clair dans le clip à cause de l’effet de la lumière. Mais je ne fais pas du «Xessal». Si vous regardez mes photos, vous verrez bien que je ne me dépigmente pas.

Vous chantez aussi en Peulh. Pourquoi ?

Mon staff m’a conseillé de chanter en Haal Pulhaar, puisque c’est ma langue paternelle et maternelle.

Pourquoi le surnom Thioubalo ?

Thioubalo, c’est comme si on disait Lébou. Il y a des Torodo, des Matchido (ndlr, variantes ethniques)…

Il paraît que les Thioubalo ont des pouvoirs mystiques. Est-ce que vous en avez ?

Je possède des pouvoirs mystiques. Je ne fais de mal à personne. Mais, je ne veux pas qu’on me fasse du mal.

Vous ne craignez pas certaines pratiques mystiques qui auraient cours dans le showbiz sénégalais ?

Je ne pense pas que j’en serai victime. Parce que je n’ai de problème avec personne. J’ai de très bonnes relations avec tous les artistes, aussi les anciens que les nouveaux talents. Cependant, celui qui me jette un sort, je ne le lui pardonnerais jamais de la vie. Je suis très jeune. Je viens juste de débuter. Je suis le cadet de ma famille. On n’a pas de gros moyens. Ma famille compte beaucoup sur ma carrière musicale pour s’en sortir. Si on me fait du mal, cela risque de compromettre beaucoup de choses.

Quels sont les temps forts du programme de promotion de votre album ?

C’est la soirée de lancement que je compte organiser le 15 août prochain au Ravin, avec Youssou Ndour comme parrain. Ce sera aussi une soirée de réconciliation avec toute la presse nationale