Le roi du yéla, Baaba Maal, a gratifié mardi le public de l’Institut français Léopold Senghor d’une soirée musicale qui se savoure encore comme un bon repas.
« Il porte un joli boubou, mais on va voir ce que cela va donner ». Cet avis d’une spectatrice renseigne de fort belle manière sur les attentes d’un public qui a pris d’assaut, peu avant 21 h, le Théâtre de Verdure de l’Institut français Léopold Senghor de Dakar. Un public qui voulait apprécier à sa juste valeur la version live du nouvel album « On the road » (sur la route) de Baaba Maal, mais aussi se délecter des tubes légendaires qui ont fait le succès du roi du yéla.
Tout de blanc vêtu, la tête parsemée de dreadlocks, il s’installe royalement sur une chaise, la guitare acoustique au bras. Subtilement, Baaba Maal égrène les notes de guitare avec une finesse inouïe. En arrière-plan, la voix inoxydable de son inséparable choriste, Mansour Seck, se signale par moment. Pour une Afrique debout, pour un continent en marche, Baaba Maal entonne « Cocorico, le coq a chanté ». Une invite à la réalisation de l’unité africaine, avec des accents folk. C’est dans cette cadence unitaire qu’il enchaîne avec le titre « Diaraby », un clin d’œil à nos voisins de la Guinée. « A travers cette chanson, je rends hommage à un pays qui m’a tant donné, qui a tant donné à l’Afrique, avec de grandes figures de la culture africaine comme Kouyaté Sory Kandia, Keïta Fodeba », explique l’artiste.
Le rendu musical sonne juste. Le roi du yéla distille de fines mélodies acoustiques marquées par des riffs de guitares et de subtiles percussions. Le résultat donne une orchestration paisible qui semble couler comme le fleuve Sénégal qui a vu naître Baba Maal. C’est dans un bel élan fusionnel que l’artiste entraîne l’assistance dans un nomadisme qui traduit ce riche héritage musical charrié par le cours d’eau. « En bons nomades, nous avons toujours envie de voyager à la quête de l’eau, du pâturage », explique l’enfant de Podor. Seulement, ajoute-t-il, il faudra protéger l’environnement, l’un des Objectifs du millénaire pour le développement. Poursuivant dans la même rythmique, Barou Sall, dépositaire de la guitare africaine, poursuit la ballade musicale. Cela donne à voir un Baaba Maal très à l’aise sur des registres vocaux comme le soprano ou le ténor. Il se défait ensuite de sa guitare et quitte sa chaise pour mieux conquérir la scène. Cette fois-ci, on change de gamme. La cadence s’accélère sur des notes de kora et de percussions. C’est bien parti pour des joutes rythmiques. « C’est la fête à l’africaine », lance le chanteur. Une manière d’apprécier le nouvel album « On the road » qui se veut un hommage à son célèbre koriste Kaounding Cissokho, qui fut l’un des piliers de son groupe, décédé il y a quelques années.
Après cette incursion dans le royaume du yéla, place au « mbalakh » avec le titre « Mbaye Sy ». Comme pour ajouter un peu de piquant à la soirée, des danseuses à la gestuelle fort aguichante entrent en scène. Et pour rester dans ce tempo, Baaba Maal enchaîne avec le tube « Femmes de mon pays », avec une forte tonalité salsa-mbalakh. L’ambiance est bon enfant. Le public conquis et séduit en redemande.
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