Babacar Diop Buuba ne souhaite pas une quatrième édition du troisième Festival mondial des arts nègres. Le professeur d’histoire espère que le Fesman III, prévu du 1er au 14 décembre prochain, sera le dernier. Car, selon lui, le combat pour la négritude a fait son temps. ‘C’était un combat légitime à l’époque, mais il faut dépasser cette insistance sur le mot nègre et revenir à nous-mêmes’, argumente-t-il. Il ne faut pas, soutient le professeur Diop, rester figé autour d’identités, car Senghor et Césaire ont mené ce combat. Buuba Diop, qui a ouvert mardi le cycle de conférences initié par la Place du souvenir africain, sur la corniche ouest de Dakar, milite pour un festival mondial des arts solidaires. De l’avis de l’historien, les Africains ne sont pas obligés de copier le modèle du festival mondial des arts nègres. Le continent doit, selon lui, développer la solidarité panafricaine.
D’après Buuba Diop, le thème du prochain Fesman, la renaissance africaine, ne trouvera sa pertinence que dans la mesure où il permettra de poser le débat sur les possibilités pour l’Afrique de sortir de sa situation actuelle. Car, estime-t-il, ‘ce qui nous arrive n’est pas une donnée de la nature, c’est une situation qui a été créée’.
Comme dans les années 60, l’histoire se répète avec l’organisation en 2009 du Fesman III et du deuxième Festival panafricain d’Alger (Panaf d’Alger), prévu du 4 au 20 juillet prochain. Mais pour l’historien, ce n’est pas en termes de rivalité qu’il faut voir l’organisation de ces deux manifestations. A ses yeux, les deux évènements doivent être perçus comme complémentaires. ‘Il faut encourager et favoriser l’échange’, soutient le professeur Diop. Car, souligne-t-il, ‘les deux festivals auront lieu dans un contexte un peu différent de 1966, date du Fesman I et de 1969, pour le premier festival d’Alger’. En 1966, il était question de l’affirmation du peuple noir, alors que trois ans plus tard, le combat était pour la libération de l’Afrique, mené par le peuple algérien. Selon Buuba Diop, l’Algérie a organisé un festival qui, sur les plans culturel et politique, donnait un autre son de cloche au festival mondial des arts nègres. A l’époque, rappelle l’historien, il y a eu des Sénégalais, comme le cinéaste Ousmane Sembène, le linguiste Pathé Diagne, qui étaient beaucoup plus proches des thèses algériennes et qui ont participé activement au Panaf. Il est heureux de constater, selon le conférencier, qu’il y a une réalité anthropologique et négro-africaine qui s’est affirmée et qu’un autre pôle de l’Afrique cherche aussi à montrer son identité arabo-musulmane. Au regard de la portée historique du premier festival mondial des arts nègres, les défis restent entiers pour cette troisième édition, selon l’historien Buuba Diop.
Pour rappel, le président Senghor avait reporté à plusieurs reprises la première édition du Fesman. Car, en 1962 déjà, il avait lancé les invitations pour un festival qui finalement s’était tenu en 1966.
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