Le ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé a fait croire pendant longtemps que les préparatifs du Centenaire de la naissance du président Léopold Sédar Senghor allaient bon train. Depuis janvier, tous les pays du monde ont démarré les leurs sauf le nôtre. «Non-budgétisation de l’événement», «manque de volonté» et «blocages» seraient à l’origine du surplace.
Partout à travers le monde, des comités nationaux sont mis sur place dans le cadre des préparatifs de la célébration du Centenaire de la naissance du président Léopold Sédar Senghor. Ces pays aux quatre coins du globe ne se sont pas contentés de créer des structures et de rémunérer à ne rien faire les hommes et femmes qui les animent. Ils ont réellement démarré les festivités (voir Sud Quotidien du mercredi 22 février, page 8). N’allons même pas au Canada, au Vietnam, en France, en Egypte… Allons au Burkina Faso d’à côté. Ce pays a débuté les siennes en baptisant une rue de Ouagadougou Rue Léopold Sédar Senghor. C’était le 6 février 2006 en présence du ministre des Affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo, et du Maire de Ouaga, Simon Compaoré. Au Sénégal, pays de Senghor, qu’il a bâti, dont il a été le premier président de la République et où il repose au cimetière catholique de Bel Air, où en sommes nous ? Nulle part. Tout est au point mort. Pis, on fait comme si rien ne devait se passer. De sources dignes de foi, nous apprenons, contrairement à ce qui a été annoncé au peuple à grands renforts de conférences de presse et de communiqués, que rien n’a été budgétisé. Le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Ablaye Diop, aurait même manifesté son étonnement lorsque son homologue de la Culture et du Patrimoine historique classé, Mame Biram Diouf, s’en est ouvert à lui. «Je ne suis pas au courant d’un quelconque Centenaire pour lequel on devrait décaisser quoi que ce soit», aurait rétorqué l’argentier de la République. Nos sources déclarent que les différents projets devant enrichir l’événement font à peine «et timidement» objet d’études. «Dans la précipitation, il est à craindre que tout le travail soit bâclé et que des projets vides de sens et de contenus soient retenus». Quoi qu’il en soit, estime-t-on, «on va élaguer puisque le temps presse et qu’on a accusé trop de retard». Rien n’est sérieusement pensé et élaboré selon un agenda à respecter, mais le Centenaire sera tout de même lancé - finalement ( ?) – le 5 mars au Théâtre national Daniel Sorano. Ils sont nombreux cependant les observateurs qui estiment que «vue la manière dont les choses se déroulent, le Sénégal rendra à Senghor l’hommage le plus mal organisé et le plus indigne qui soit».
On comprend a posteriori la démarche agitée du ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé. Elle a consisté à faire croire qu’il était en plein dans les préparatifs alors que c’était faux. Au-delà de la non-budgétisation de l’événement, les raisons du non-démarrage des festivités tiennent en deux points, selon des agents du ministère de la Culture : «manque de volonté» et «blocages». Blocages de quelle (s) nature (s) ? Nos interlocuteurs n’ont pas voulu aller plus loin. Ils semblent confirmer en tout cas ce que nous écrivions naguère dans une de nos publications, à savoir qu’il y a un véritable malaise dans le département, accentué par la guerre des clans.
Hier, nous avons joint certains responsables du ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé pour vérifier certaines informations. Ils ont promis de rappeler. Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, ils ne l’ont pas fait.
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