Placé sous le thème de la renaissance africaine, la troisième édition du Festival mondial des Arts nègres (Fesman) appelle la mémoire des peuples noirs et leurs cultures qui doivent se préserver à tout point de vue. Le Fesman constitue un moment formidable d’introspection, mais aussi de projection fertile et de mobilisation en direction de l’avenir. C’est pourquoi, le ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé a souligné que cette introspection ne doit pas être «une démarche passéiste nostalgique ou d’enfermement idéologique». Selon Mame Birame Diouf qui présidait le forum de lancement du Fesman à Saint-Louis, le week-end dernier, il doit s’agir d’une dynamique de prise en main du destin face aux valeurs dominantes et aux enjeux du monde actuel comme la mondialisation, la globalisation la diversité culturelle et les conflits identitaires.
La grande messe que sera le Fesman devra tracer des sillons indélébiles d’un futur africain avec une diaspora qui ne doit plus se conjuguer avec marginalisation et dépendance. Il s’agira en effet d’intégrer le patrimoine culturel matériel et immatériel du monde noir dans ce qu’il peut révéler au monde en quête de normes aux équilibres comme valeurs culturelles, fondement des codes sociaux. C’est à juste titre d’ailleurs que le coordinateur du Fesman, Alioune Badara Béye, dira que la renaissance africaine qui est le thème central de cette édition est d’actualité. Dès lors, elle doit servir à humaniser les relations entre les peuples. En outre, souligne M. Béye, le développement du continent passe par cette renaissance. La renaissance culturelle africaine doit, à cet effet, épouser les contours d’un retour aux valeurs culturelles et de la défense de ses identités. Que peut faire dès lors la culture face aux nouvelles menaces d’extension d’une culture internationale dont l’ambition est d’effacer les particularismes et d’imposer son pouvoir ? Face à cette situation, toute idée de renaissance culturelle passe à la fois par l’union des forces et le développement du secteur marchand de la culture. La renaissance africaine ne doit pas être un vœux pieux. «Cette renaissance ne sera pas seulement culturelle, elle sera politique économique et sociale», soutient le coordinateur du Fesman. Pour lui, cette renaissance doit favoriser l’émergence d’une Afrique conquérante. D’ailleurs, toutes les régions devront puiser dans leur tréfonds pour sortir l’énergie et le savoir afin de féconder la création et la post-création qui, seules, peuvent ouvrir des perspectives nouvelles et plus larges aux acteurs culturels. Cela, en termes de ressources et de création de richesses.
De l’avis du ministre de la Culture, la création de richesses et la création artistique doivent être les deux pôles de la politique culturelle au Sénégal. A cet effet, la culture et l’économie doivent créer des passerelles pour se féconder mutuellement. L’évolution actuelle du monde voudrait que les hommes de culture vivent de leur art. Et pour Mame Birame Diouf, le Sénégal ne sera pas en marge de cette évolution, mais il doit la mûrir pour ne pas rater la marche. D’autant que dans un monde caractérisé par les échanges inégaux entre le Nord et le Sud, la culture semble être le seul terrain où un échange équilibré paraît possible.
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