Dans les lieux branchés d’Abidjan, sur le campus de l’université de Dakar, au théâtre de verdure du Centre culturel français de Cotonou et en bien d’autres endroits du Continent, ils étaient encore nombreux ce 11 mai 2009 pour célébrer la mémoire de Bob Marley, disparu exactement vingt-huit ans plus tôt. Sans doute n’est-ce pas un hasard si le Guinéen Takana Zion a choisi ce jour symbolique pour lancer son second album Rappel à l’ordre, destiné à consolider la notoriété qu’il a commencé à acquérir au-delà des frontières de son pays. A 22 ans, il est considéré comme le porte-drapeau de la nouvelle scène reggae africaine.
Dans son sillage, il pourrait bien entraîner son compatriote Abdoul Jabbar, de six ans son aîné. Ce natif de Fria, une ville où tout tourne autour de l’extraction et la transformation de la bauxite, compte parmi les artistes les plus en vue à l’échelle nationale. Ses prises de position rappellent celles qui ont fait la popularité d’Alpha Wess au début de la décennie, avant que ce dernier ne soit contraint de fuir Conakry pour trouver refuge à Paris : la musique est un outil de conscientisation, de revendication pour davantage de justice sociale.
Pour son troisième disque intitulé Afrika, Abdoul Jabbar s’est adjoint les services de deux hommes clés dans le développement du reggae en Afrique de l’Ouest au cours des dernières années, tous deux installés au Mali : l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly, invité pour un duo, et l’ingénieur du son-musicien français Manjul. Dans le studio de ce rasta blanc, sorcier des mixages en analogique, le Guinéen a profité de l’improbable présence du reggaeman malgache Abdou Day pour réunir sur une même chanson l’Afrique et la Grande Île de l’océan Indien, le tout sous la houlette d’un enfant de Barbès, venu vivre à Bamako !
Jah Verity et Black African Positive
Si Abidjan a longtemps fait figure de centre névralgique du reggae sur le continent, aujourd’hui ce rôle semble désormais assumé par la capitale malienne. C’est aussi là que Jah Verity a enregistré son deuxième album Président Boulanger. Né à Ouagadougou en 1980 dans une famille bénino-burkinabé, il a grandi en Côte d’Ivoire et remporté son premier tremplin musical en imitant Alpha Blondy.
Pourtant, c’est Tiken Jah Fakoly qui décide de le produire en 2008 en lui apportant l’expérience de ses musiciens avant de l’emmener cette année, sur sa tournée Un concert, une école, laquelle a fait escale dans plusieurs états d’Afrique de l’Ouest. Aucune étape n’a été prévue au Sénégal, et pour cause : la star ivoirienne y est persona non grata depuis ses propos tenus envers les autorités locales en 2007. Là-bas, le reggae peut en revanche compter notamment sur Black African Positive et son leader Allioune Badara Diallo.
Militant dans l’âme, soucieux de donner à sa musique une dimension socio-politique, ce chanteur originaire de Casamance a pris de l’envergure avec son second album It’s my Nation paru l’an dernier. De Dakar à Banjul, en Gambie, il occupe le terrain. Une montée en puissance qui pourrait bien se poursuivre dans les pays voisins où les rythmes jamaïcains restent un vecteur porteur.
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