Ils ont pour noms Laba Socé, Ndiaga Mbaye, Aminata Fall, Makhourédia Guèye, etc. Tous des artistes de la musique et de l’art dramatique, sans oublier beaucoup d’autres aujourd’hui disparus et qui officiaient dans l’art, lato sensu. Ils ont un trait commun, c’est d’être morts dans une sorte de solitude n’eût été l’assistance des membres de leurs familles et de quelques bonnes volontés. Pour le célèbre chanteur Ndiaga Mbaye, après plus de 30 ans de carrière musicale, il a disparu sans maison ni voiture, lesquelles lui ont été promises la veille de sa mort sans qu'il n'y ait jamais eu de suite.
Pour le célèbre «Maestro» Laba Socé, le Roi de la musique Salsa, celui-là qui aurait convaincu l’Europe et les Caraïbes, il a fallu que quelques uns de ses amis organisent un Téléthon qui lui procurera quelques subsides, mais à un moment très critique de sa longue maladie qui l’emportera finalement. Naguère, le sort de la célèbre artiste comédienne et chanteuse Aminata Fall n’aura pas été des meilleurs, même si elle a finalement reçu une certaine assistance.
Hier, c’est Makhourédia Guèye qui a tiré sa révérence avec le sentiment qu'a la population de non-assistance que ce soit l'Etat et de personnes privées à l'endroit d'artistes célèbres mais pas riches qui en ont eu vraiment besoin à la fin de leur vie. Mais si M. Guèye au moins avait sa maison à Pikine (banlieue dakaroise), pour Ndiaga Mbaye et Laba Socé, cela n’a pas été le cas.
C’est dire que ceux qui ont passé toute leur vie à nous faire rire et surtout à stimuler la bonne humeur dans les foyers mais également à passer des messages aux populations et surtout à éduquer les jeunes, ne bénéficient pas toujours des honneurs de la Nation et de sa reconnaissance. Pourtant, les médailles, certaines facilitations et ouvertures d’opportunités pourraient leur permettre d’améliorer leur situation financière du moins pour les plus célèbres dont le talent est incontestable. Toutefois, il serait injuste de tout mettre sur le dos de l’Etat même si nous n’avons jamais compris pourquoi les pirates de CD et de cassettes les revendent avec autant d’aisance et de facilité dans les rues de Dakar et ailleurs. Car, à ce niveau, une répression policière permanente aurait aidé à juguler un mal qui tue en fait la création artistique.
Néanmoins, certains artistes y sont pour quelque chose dans ce qui leur arrive. Le caractère trop informel des groupes et troupes de théâtre, la précarité des statuts, le manque de professionnalisme, de sponsors, sont autant d’obstacles à l’épanouissement des artistes. Les œuvres sont de plus en plus médiocres et les populations peu enclines à s’investir dans la protection des artistes. Ce sont elles en effet qui achètent les œuvres piratées, ce qui rend paresseux les créateurs et enrichit malheureusement des intermédiaires hors-la-loi. Au niveau du Bureau sénégalais des Droits d’Auteurs (Bsda), retards et absence de versement de redevances dues aux artistes de la part des radios, télévisions et autres, n’est pas pour encourager la création.
Il s’y ajoute qu’au Sénégal, l’industrie artistique, depuis que l’on en parle, a du mal à décoller. Une situation qui laisse les artistes dans une sorte de léthargie et d'anarchie assimilable à une jungle où les plus forts ont tendance à s’en prendre aux plus faibles.
La preuve, comme dans les partis politiques, les groupes, troupes et autres associations naissent et disparaissent tous les jours dans un milieu où l’égocentrisme et l’individualisme sont de mise. Aujourd’hui, des artistes qui ont compris ces difficultés sont en train de mettre en place des associations et autres structures corporatistes. Un élan que l’Etat doit accompagner pour un bon assainissement du secteur.
0 Commentaires
Participer à la Discussion