Dakar, 31 déc (APS) - Le désintérêt de plus en prononcé des Sénégalais, jeunes en particulier, pour la lecture, fait qu’une génération est sacrifiée en grandissant ’’hors de son cadre culturel naturel’’ et ainsi elle ’’s’appauvrit sans en avoir conscience’’, a estimé l’écrivain Nafissatou Dia Diouf.
’’Nous sommes en train de sacrifier toute une génération qui grandit hors de son cadre culturel naturel et donc qui s’appauvrit sans en avoir conscience’’, a-t-elle dit dans une interview parue sur le site Internet Orane-Info.sn.
Selon l’écrivain, ‘’l’accès à la connaissance et aux loisirs livresques devraient être aussi primordiaux que l’accès à l’eau ou aux soins médicaux. Il est temps de remettre le livre au centre de notre système éducatif’’.
’’La littérature au Sénégal a besoin d’être redynamisée’’, a insisté Nafissatou Dia Diouf, selon qui ’’il est regrettable de constater que les Sénégalais lisent de moins en moins et c’est une part de rêve, de connaissance et de loisirs enrichissants qui leur échappe ainsi’’.
’’Mes concitoyens sont plutôt dans une dynamique de consommation de l’immédiat, du facile et du +prêt-à-penser+ tels que les séries sud-américaines, les clips, bref, que des choses culturellement éloignées de nous. Je trouve cela navrant. C’est toute une génération d’intellectuels qu’on tue dans l’œuf. Senghor serait triste de voir cela…’’, a-t-elle fait valoir.
Considérée comme l’une des plus talentueuse de la jeune génération d’écrivains sénégalais, Nafissatou Dia Diouf, 35 ans, a déjà publié six ouvrages individuels et sept collectifs. ’’D’abord des nouvelles (…), ensuite de la poésie et plusieurs ouvrages en littérature jeunesse’’, a-t-elle précisé.
Mais la poésie ’’constitue justement mes premières amours et je pourrais dire même qu’elle sous–tend toute mon œuvre littéraire. C’est quelque chose de plus confidentiel en ceci que j’écris le plus souvent pour moi et que jusque là, je n’ai publié qu’un seul recueil de poésies, +Primeur+ aujourd’hui épuisé’’, a indiqué celle qui se présente comme un ’’écrivain éclectique et curieuse’’ qui s’intéresse à plusieurs genres.
’’Je déteste par contre qu’on me catégorise. Je suis un écrivain, point. Je n’ai pas de prédilection, j’aime les mots, les idées, les images’’, a déclaré Mme Diouf, qui a représenté le Sénégal dans la catégorie littérature des 5-éme Jeux de la Francophonie à Niamey (Niger) en 2005. Elle s’y est vue décerner la Mention spéciale du jury.
’’Je dois admettre que ma poésie d’aujourd’hui a évolué. Elle est sans doute plus profonde, moins naïve, mais aussi moins spontanée. C’est le revers de la médaille. Grandir implique forcément perdre de sa candeur…’’, a-t-elle souligné.
Priée de dire si elle parvient à atteindre ses cibles par le truchement de ses écrits poétiques, elle a affirmé : ’’Malheureusement, je dirai qu’elle reste un genre d’initiés, à mon grand dam. C’est un peu l’objet de ce genre de récital, d’attirer des personnes qui connaissent pas ou peu la poésie pour leur faire découvrir ses merveilles’’.
Selon elle, ’’le résultat est mitigé, surtout pour les adultes. Peut-être qu’ils sont trop englués dans les soucis quotidiens pour pouvoir réellement s’en extraire et entrer dans la dimension du rêve’’.
Outre ’’Primeur’’, le recueil de nouvelles précédemment cité, Nafissatou Dia Diouf a notamment publié ’’Retour d’un si long exil’’ (nouvelles) et participé à ’’Envie pressante’’, un ouvrage collectif de la même catégorie. Elle a aussi publié des ouvrages de jeunesse : ’’Les petits chercheurs’’, ’’Kidiwi, la gouttelette curieuse’’, Cytor et Tic Tic naviguent sur la toile’’, ’’Je découvre…l’ordinateur’’, ’’Le fabuleux tour du monde de Raby’’.
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