Voulez-vous nous faire une présentation sommaire de votre ouvrage ?
C’est un ouvrage de défense et de riposte. J’y expose les fondements idéologiques du wadisme (Ndlr : doctrine attachée à l’action politique de Me Abdoulaye Wade). Je me suis basé sur des enquêtes, des études approfondies et de la vision de Wade. Il représente pour nous Africains un patrimoine politique et intellectuel, par la politique de rupture qu’il prône dans cette nouvelle géostratégie mondiale et les avancées significatives de la démocratie au cœur de son engagement politique. J’aborde également l’alternance comme étant le point de départ d’une Afrique indépendante et autonome. Toute cette rupture consacre son apport transcontinental. Son bilan, aujourd’hui attaqué ou critiqué, mérite d’être défendu, car l’alternance est en actes et en puissance. Et les résultats sur le terrain le démontrent.
En allant à contre-courant des livres faisant le « procès » de Wade, n’êtes-vous pas en train de chanter les louanges du Président ?
On ne peut pas continuer à démolir les références africaines. Lumumba (Patrice) avait été démoli avant d’être réhabilité. Thomas Sankara, aussi, avait été massacré avant d’être considéré comme un héros. La pensée de Cheikh Anta Diop a été également foulée au pied. Pour l’Occident, nous n’étions capables d’inventer ni boussole ni gouvernail. Nous n’avions non plus - selon toujours la perception de l’Homme Blanc - ni Homère ni Euclide. Toute cette posture criticiste ne met pas en valeur les réelles potentialités de l’Afrique. Beaucoup de critiques concernant Wade ne sont pas fondés. En les lisant, on a l’impression qu’on n’est pas au Sénégal.
Peut-on penser que les arguments qui structurent votre ouvrage sont adossés à une démarche scientifique reposant sur une vision duale ou manichéenne des choses, où le bon et le moins bon se côtoient ?
Il y a même dans ce livre un chapitre intitulé « La stratégie du grand bâtisseur ». Je parle de la vision globale de Wade axée sur la réalisation de grandes infrastructures. Cependant, il y a des poches de résistance. La révolution n’a pas été suivie à la lettre.
En lui collant le qualificatif de « grand bâtisseur », vous semblez laver votre maître au kaolin. N’est-ce pas ?
L’ouvrage, c’est une logique de combat. Pour moi, Wade est un symbole pour l’Afrique. Pour d’autres, n’est pas le cas : le professeur Daniel Colard de l’Université de Besaçon considère que les monuments de l’histoire s’appellent de Gaulle, Chirac et qu’il n’y a pas parmi un Abdoulaye Wade. C’est avec déférence que je lui ai fait savoir que l’Occident manipule les concepts. Wade est pour moi un symbole par rapport aux idées de rupture qu’il prône (marche contre les Ape, attaques contre la Fao, revendication de la place de l’Afrique aux Nations Unies.
Les ingrédients qui ont servi à l’élaboration de cet ouvrage ont-ils été tirés de votre vécu de militant du Parti démocratique sénégalais ou ont-ils été obtenus à la suite d’une enquête faite sur le personnage de Me Abdoulaye Wade ?
J’ai cumulé ces ensembles d’ingrédients. Une enquête minutieuse a été menée sur le sujet. A part ce que j’en sais, je m’en suis référé à des personnes ayant eu des affinités avec le Président Wade, comme Gaston Border, Me Jacques Carré, lequel l’avait accueilli à son cabinet à Besançon. Des éléments de biographie m’ont aussi été fournis par Edouard Maire, qui a présenté serment le même jour que Me Wade.
En tant qu’auteur d’un ouvrage de défense et de riposte, peut-on penser que vous êtes - sous la casquette des « biographes favorables à Wade » - allé dans le sillage des autres comme Cheikh Diallo (auteur de « Si près si loin avec Wade »), pour ne citer que celui-ci ?
Mon livre est un condensé de l’œuvre du Président Wade où on expose les fondements idéologiques du wadisme (le libéralisme social). Des auteurs occidentaux disent que cela relève de l’audace : dans leur entendement, le libéralisme ne peut être social. Ils ont tort de le croire. J’avais plusieurs projets d’ouvrages, mais j’ai opté pour le décalage de leur parution. Je n’attendrai que le Président Wade disparaisse pour lui consacrer un livre.
Wade a-t-il jeté un coup d’œil sur votre manuscrit ?
Non. Le travail, je l’ai fait de manière désintéressée. Je tiens à l’autonomie de ma plume.
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