L'Afrique subsaharienne, appelée selon l'Onu à abriter 22% de la population mondiale d'ici 2050, est loin de représenter un risque de "submersion" migratoire en Europe, selon une étude publiée mercredi par l'Ined.
Combien de migrants afflueront en Europe en 2050 et vers quelles destinations ? Une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée mercredi 12 septembre, réalisée par le démographe François Héran, conclut que le scénario d’une Europe peuplée à 25 % d’immigrés subsahariens en 2050 relève du fantasme. L’ordre de grandeur le plus réaliste est cinq fois moindre, selon le chercheur français.
L’Europe et le spectre des migrations subsahariennes by France-24 on Scribd
"Pas une anomalie menaçante"
Certes, le scientifique rappelle dans un premier temps que l'Afrique subsaharienne va connaître une envolée démographique et verra sa population passer de 970 millions d'habitants aujourd'hui, à 2,2 milliards, représentant 22 % de la population mondiale d'ici 2050.
Mais l’auteur de l’étude tord ensuite le cou à l’idée selon laquelle un afflux migratoire vers l'Europe serait proportionnelle à cette croissance. D’abord, parce que "l'Afrique subsaharienne émigre peu, en raison même de sa pauvreté", note l'Ined, et "lorsqu'elle émigre, c'est à 70 % dans un autre pays subsaharien et à 15 % seulement en Europe, le reste se répartissant entre les pays du Golfe et l'Amérique du Nord".
Pas d’ "invasion" en vue
Selon la "matrice" des migrations bâtie depuis quinze ans par la Banque mondiale, l'OCDE et le FMI, croisée avec les projections démographiques de l'ONU, les immigrés subsahariens de première génération pourraient avoisiner en France 3 % de la population d'ici 2050 contre 1,5 % aujourd'hui.
Dans l'ensemble des pays de l'OCDE, où les immigrés subsahariens représentent en moyenne aujourd'hui 0,4 % de la population, ils pourraient voir leur part passer à 2,4 % en 2050. "C'est une hausse importante. Mais 2,4 %, cela ne permet en aucun cas de parler d''invasion', même en ajoutant la seconde génération", note l'Ined. La migration subsaharienne "n'est pas une anomalie menaçante mais une forme ordinaire de la mobilité humaine", indique François Héran.
"Par ailleurs, agiter le spectre d’une "ruée" de l’Afrique qui ruinerait la protection sociale de l’Europe, c’est oublier que les migrants sont aussi des producteurs, des consommateurs, des contribuables et des cotisants", s’autorise à penser le sociologue.
Emmanuel Macron séduit par les projections de Smith
Une étude qui va à rebours de certaines thèses avancées, notamment par l’écrivain Stephen Smith. Dans son livre La Ruée vers l’Europe (Grasset), l’ancien journaliste et désormais professeur d'études africaines à l'université Duke, aux États-Unis, avance qu’en 2050, les 2,5 milliards de jeunes Africains seront tentés de "partir en masse à la recherche de meilleures chances de vie". "Je dis en substance que, comme chaque famille européenne avait naguère un oncle d’Amérique, chaque famille africaine aura dans deux générations un neveu ou une nièce d’Europe", explique-t-il dans un article publié dansJeune Afrique, paru le 6 mars 2018.
Ce scénario a été repris au plus haut sommet de l’État puisque Emmanuel Macron a indiqué le 16 avril dernier que cet ouvrage décrivait "formidablement" la menace d’une jeunesse africaine n’attendant qu’un "go" pour se ruer vers l’Europe.
3 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2018 (16:16 PM)Avis
En Septembre, 2018 (18:05 PM)Anonyme
En Septembre, 2018 (18:36 PM)Participer à la Discussion