Dakar, 29 sept (APS) - La comédienne Ndèye Sène a fini par accepter, naturellement, de se faire appeler ‘’Mère Dial’’ par les habitants de l’unité 11 des Parcelles assainies où elle habite, tellement ce personnage de la série télévisée à succès ‘’Mayacine ak Dial’’ lui colle à la peau.
‘’Je suis une comédienne née’’, déclare sans ambages Ndèye Sène, qui incarne en effet à merveille le personnage de cette mère de famille sans-gêne, parfois cupide, personnage principal de ‘’Mayacine ak Dial’’, cette série dont elle a eu l’idée et qui passe sur la chaîne publique (RTS), après le journal télévision de 20 heures.
Évocation humoristique de la vie de tous les jours d’une famille sénégalaise quelconque qui se débrouille pour triompher des difficultés quotidiennes de la vie, cette série a tout de suite été adoptée comme jamais par les Sénégalais, certainement parce qu’ils s’y retrouvent pour l’essentiel et surtout en raison de son ton moralisateur, au second degré.
‘’Cette famille pauvre de la pièce veut donner aux Sénégalais des leçons de morale’’, confirme Ndèye Sène, non sans assurer que dans la vie concrète, elle est en tout point opposée au personnage de ‘’Mère Dial’’ qu’elle incarne magistralement.
A la question de savoir si elle se comportait comme cela dans la vie, la comédienne tranche : ‘’Loin de là, j’entre seulement dans la peau du personnage. Je veux montrer à celles qui se comportent comme cela qu’on paie toujours les conséquences des mauvaises actions’’.
Pour l’essentiel, ‘’Mayacine ak Dial’’ est ‘’une façon d’éduquer dans l’humour, car au Sénégal, on a constaté une dégradation des mœurs’’, souligne Ndèye Sène, habillée d’un grand boubou ‘’khartoum’’ rose, son éternel foulard bien noué, le visage bien maquillé.
‘’Étant jeune déjà, j’aimais faire rire ma famille, j’étais en quelque sorte drôle’’, relève l’artiste, qui a arrêté ses études au collège, en classe de 4ème, son amour pour le théâtre ayant pris le pas sur les cours.
Ndèye Sène a ensuite joué au sein de la prestigieuse troupe ‘’Daaray Kocc’’, réputée pour avoir formé ou contribué à faire connaître une grande partie des comédiens du pays. ‘’Mère Dial’’ s’est ensuite perfectionnée en enchaînant les collaborations, jouant notamment dans ‘’Tonton Chéri’’ et ‘’Thiey Aduna’’.
Rien de bien difficile pour celle qui dit tenir de la famille ses dons pour le métier. ‘’Je peux même dire que dans ma famille, tout le monde est comédien. J’ai un frère qui est plus comique que moi’’.
‘’À l’école, rappelle-t-elle, j’étais dans la troupe de l’établissement et j’ai toujours joué le rôle de la mère, de la tante paternelle’’. Ndèye Sène était dès lors tout désignée pour incarner le rôle de ‘’Mère Dial’’.
Freelance depuis quelques années, elle a le temps de prendre de la distance pour réfléchir à des thèmes porteurs comme le sujet de ‘’Mayacine ak Dial’’, qu’elle a imaginé toute seule avant de le proposer à un producteur qui l’a accepté.
‘’J’ai choisi les personnages, mais j’avoue qu’ils n’ont pas déçu. Ils se sont vraiment donnés à fonds’’, note avec satisfaction Ndèye Sène, deuxième épouse d’un homme polygame qui, assure-t-elle, n’est en rien gêné par une activité qui lui permet de régler ses besoins.
‘’Elle est trop ouverte. Elle à la main sur le cœur comme on dit’’, témoigne d’elle son mari, qui ne tarit pas d’éloges pour son épouse. ‘’Ndèye Sène donne tout ce qu’elle a aux autres. Elle aime partager’’, insiste-t-il, avant d’ajouter, en riant : ‘’Je suis le dernier à être servi’’.
A la question de savoir si elle parvient à allier les exigences de son travail de comédienne aux impératifs de la gestion de son ménage, l’époux de Ndèye Sène, catégorique, déclare tout de go : ‘’Elle gère bien son foyer. Sa carrière ne me gêne pas du tout.’’ ‘’Au contraire, je crois même qu’elle ne se donne pas à fond’’ dans son métier, ajoute-t-il.
Le théâtre nourrit-il son homme ? : ‘’Non’’, répond la comédienne’’, ajoutant : ‘’On remercie le bon Dieu’’. Simplement. ‘’Je n’ai ni maison, ni voiture, mais je parviens quand même à régler mes besoins’’, poursuit Ndèye Sène.
Pour boucler ses fins de mois, l’artiste comédienne s’essaie au commerce. ‘’Je vais dans des pays de la sous-région, au Mali et en Mauritanie, acheter des marchandises’’ pour les revendre, explique Ndèye Sène, qui dit prier fort pour que son mari ne prenne pas une troisième épouse.
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