« Plusieurs mois après l’élection (présidentielle de 2007, souligné par nous), un premier effort d’investigation interprétative permet d’y voir plus claire en attendant les aveux des « faux électeurs » des 25 et 26 février 2007. Appelés aux urnes seulement le dimanche 25 février 2007, les partisans d’Abdoulaye Wade votèrent jusqu’au jour suivant, lundi 26 février 2007. Notamment à Fatick, chef-lieu de région et fief de l’ancien Premier ministre Macky Sall ».Ces mots sont tirés de l’ouvrage du politologue, Abdoul Aziz Diop, paru en France, aux éditions L’Harmattan, depuis le 28 avril dernier et intitulé « Sarkozy au Sénégal : Le rendez-vous manqué ». Le chapitre 8 du livre d’où sont tirés ces mots ci-dessus et qui porte le titre de « La Franceafrique des élections », revient largement sur la présidentielle sénégalaise de février 2007. L’auteur y évoque le rôle des « sorciers blancs » de Me Wade dans la « victoire » de l’actuel Président. IL s’agit de Marc Bousquet et de Jean-Pierre Pierre-Bloch. Le premier s’est chargé de sonder les Sénégalais avant la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 25 février 2007, et s’occupe, en même temps, des affiches (illégales) du président sortant. Les résultats de ces enquêtes qui ont fait d’Idrissa Seck le principal challenger et de Tanor le candidat qui réuni un nombre impressionnant de vote, ont, selon l’auteur, été « dissimulés par le « voyou Marc Bousquet, patron de Médiatique ». Or, « Dans les années 70, cet ancien giscardien bon teint, passionné de politique, avait participé à la création d’un institut de sondages Public SA. L’officine se fit remarquer par des enquêtes complaisantes pour la droite, voire carrément bidonnées. Ce qui lui valut de fréquentes réprimandes de la Commission des sondages jusqu’à sa liquidation ».
La poussière pour donner l’illusion d’une mobilisation
Et pendant la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 25 février 2007, « (…)-Bloch demanda aux jeunes de la caravane du président sortant Abdoulaye Wade de soulever la poussière partout où l’illusion d’une mobilisation est nécessaire pour abuser l’opinion ». La bête de scène « hyperactive » Jean-Pierre Pierre-Bloch, souligne Aziz Diop, avait été mise en examen à deux reprises en France pour « recel d’abus de bien sociaux ». « Jean-Pierre Pierre-Bloch perdit, en 1994, son mandat de député UDF, invalidé pour dépassement de frais de campagne. Le voyou, qui souleva la poussière, n’avait donc aucune raison de déconseiller le vieux lièvre sénégalais bien connu de ses concitoyens pour les « largesses » grâce auxquelles il deal avec autrui », fait remarquer l’auteur.
Niasse parle d’une fraude à grande échelle
En effet, l’« Invité Afrique », le jeudi 26 avril 2007, de Radio France Internationale (RFI), l’ancien Premier ministre du président Wade, Moustapha Niasse, crédité de seulement 5,90 % des voix à l’issue de l’élection présidentielle du 25 février 2007, dit entretenir de bonnes relations avec le maire de Thiès Idrissa Seck et accusa nommément le président Wade d’avoir purement et simplement « emporté » les élections en convoyant des électeurs vers des zones plutôt défavorables au président sortant. « Wade, précise-t-il, mettra six mois à inscrire des gens à Dakar sur les listes électorales pendant que tout le reste du pays attendait. Restés ouverts jusqu’au lendemain 26 février 2007, les bureaux de vote des zones incriminées accueillirent les personnes déplacées pour bourrer « proprement » les urnes ». Le résultat se passe de commentaire : Wade gagne partout sauf à Thiès, fief bien gardé d’Idrissa Seck, et Nioro, bastion imprenable de Moustapha Niasse », souligne Aziz Diop. Pour ce dernier, les « faux électeurs » des zones et bureaux de vote incriminés par le patron de l’Alliance des forces de progrès (AFP) rappellent « les faux électeurs du IIIe arrondissement de Paris » dont Jacques Dominati, ami de Jean-Pierre Pierre-Bloch, était le maire jusqu’en 1995. « Le procédé employé par les amis politiques du Corse Jacques Dominati pour conserver la mairie du IIIe arrondissement de Paris est le même que celui décrit par Moustapha Niasse au téléphone de Christophe Boisbouvier, journaliste à RFI ».
60 cars bourrés d’électeurs en partance pour Ziguinchor
L’autre montre que les « tricheurs sénégalais auraient donc inscrit à Dakar « les personnes qui, ne remplissant pas les conditions (…) de résidence [ailleurs qu’à Dakar] lors de la formation de la liste, [ne] les [auraient toujours pas rempli] avant la clôture définitive [des inscriptions] ». Et d’ajouter : « Ces personnes-là seraient toutes de « faux électeurs » destinés à « faire du monde » dans les bureaux de vote pour le président sortant Abdoulaye Wade. Un habitant de Ziguinchor, nous informa de la caravane de 60 cars bourrés d’électeurs partis de Dakar pour aller voter dans la capitale de la région sud du même nom au frais du secrétaire général de la présidence de la République Abdoulaye Baldé ». Cet effectif déplacé représente, selon l’auteur, plus de 50 % du total des voix engrangés par le candidat indépendant Mame Adama Guèye à Dakar. « Cet effectif mobile se serait substitué, au moins en partie, aux vrais électeurs dont les cartes n’ont pas été distribuées avant le scrutin. A la date du 11 janvier 2007, 42,10 % des personnes inscrites sont en attente de leur carte d’électeur. La campagne électorale, elle, démarra moins d’un mois plus tard. « C’est quoi çà ? », soutient-il.
Et si les vrais électeurs se constituaient partie civile… ?
Au lendemain du scrutin, Chirac félicite Me Wade. Mais « le Français sait-il des choses ? De chef d’État à chef d’État, le mot de trop (bravo) est lourd de signification. L’Histoire nous dira laquelle ». Et d’ajouter : « Si les choses s’accéléraient, les vrais électeurs sénégalais du 25 février 2007 pourraient se constituer partie civile pour réclamer dommages et intérêts aux tricheurs et à leurs sponsors ». L’auteur de faire remarquer la chasse aux sorcières contre Moustapha Niasse, Tanor, Amath Dansokho, et Idrissa Seck, sitôt les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 25 février 2007 proclamés par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV.
La Françafrique a encore de beaux jours
En effet, ce présent ouvrage passe au crible ce que l’auteur appelle « le viol par le langage », les œillères du fils d’immigré, les causes profondes de l’immigration clandestine, les conditions de l’arrimage au « monde réel ». Pour Aziz Diop à Dakar, l’invite à une « rupture », qui n’en est manifestement pas une, augure de beaux jours pour la Françafrique. Et selon lui, la vraie rupture dont les Africains veulent débattre, pour l’avènement d’un « monde commun » acceptable pour tous, passe néanmoins par la prise en compte de la responsabilité des élites au pouvoir en Afrique.
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