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SEYNABOU DIOP, CHANTEUSE ET DANSEUSE : Le parcours atypique d’une grande artiste de la scène

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SEYNABOU DIOP, CHANTEUSE ET DANSEUSE : Le parcours atypique d’une grande artiste de la scène

Après avoir bourlingué pendant des décennies en Europe, l’ex-danseuse de Touré Kounda est revenue au bercail, reconvertie en chanteuse et compositeur. Son album récemment sorti s’intitule « Aduna ». Il donne une idée des préoccupations de cette artiste Sénégalo-Ivoirienne.

Originaire d’une ethnie Lébou de Dakar, de parents émigrés en Côte d’Ivoire, la danseuse et chanteuse Seynabou Diop est née à Grand Bassam où elle fît ses études primaires et secondaires. Son père était un grand commerçant au pays de l’Ivoire. Il possédait des magasins dans plusieurs villes du pays.

Comme tout homme moderne, le père de Seynabou aimait et écoutait beaucoup la musique. « Grâce à notre père, soutient Seynabou, nous étions de vrais mélomanes. On écoutait toute sorte de musique ». La preuve, son petit frère Mansour fut animateur dans les boites de nuit de la ville. A l’âge de 11 ans, la petite Seynabou fut surnommée Oscar, elle avait déjà contracté le virus de la musique.

Un garçon manqué ?

Lunettes noires, colliers et coquillages autour du coup, bracelets aux poignets, mèches de « dread look » en bataille, jean bleu, santiag noire, boubou bogolon provenant du Mali, visage sans fard sur un teint noir, Seynabou Diop est une femme épanouie qui « aime tout ce qui fait du bruit ».

Debout sur ses 1, 50 m, sa moyenne corpulence lui permet de faire de son corps ce qu’elle veut lorsqu’elle danse. Malgré tout, sa démarche, son visage carré et ses lignes arrondies lui font ressembler plus à un homme qu’à une femme.

D’ailleurs, raconte-t-elle : « j’aimais faire tout ce qui est garçon. Je conduisais les mobylettes. Je jouais au football. Je me sentais toujours en petit garçon ». Toujours est-il qu’ « à l’école, j’étais une jeune fille, mais à la maison, je me comportais comme un jeune garçon. Certains pensaient qu’ il s’agissait de jumeaux », renchérit-elle.

« Les femmes qui font les mèches ne sont pas naturelles. Je ne cherche pas à changer ma nature. Je n’aime pas les maquillages et je préfère un charme naturel. Je veux être comme ça », a-t- elle indiqué en nous confiant quand même une petite coquetterie : elle porte des « dialdiali » (ceintures de perles autour des reins).

Curieuse, agitée voire oisive, Seynabou « l’amie de tout le monde » fut une bonne élève à l’école Phare de grand Bassam. Elle était toujours parmi les premiers de sa classe. Sans avoir fait le concours d’entrée en 6ème, elle fut admise au collège. Mieux, à l’en croire, elle est allée à la Sorbonne à Paris avec le Bfem.

Seynabou Diop est partie en France à l’âge de 18ans en 1975. Rigoureux fut l’encadrement de son grand frère qui l’hébergeait dans la capitale française. Pendant trois ans, la vie de Seynabou Diop à Paris se résumait au circuit « maison, université ». Elle était toujours enfermée à la maison. « Mon frère et sa femme m’ont fait beaucoup souffrir en m’imposant une manière de vivre complètement différente. Ce qui m’a aidé à grandir dans ma tête », s’en souvient-elle.

Toutefois, la galère s’installa dans la vie de l’étudiante avec le décès de son grand frère. L’épouse de ce dernier l’a mise à la porte. Elle devient pour la première fois de sa vie, une Sdf (sans domicile fixe). La rue devient son refuge, mais c’est pour 24h. Elle est accueillie d’abord dans une église avant de devenir « baby siter » pour subvenir à ses besoins et continuer ses études à l’université. « C’est là, raconte-t-elle, que j’ai découvert les blancs. Je mangeais, dormais dans un même appartement qu’eux. Contrairement à d’autres africains, moi j’étais vraiment choyée par mes patrons. Même si je n’avais plus assez de temps à consacrer aux études ». Pendant cinq, Seynabou Diop a été baby siter à Paris. Elle n’avait pas le choix. C’est dans cette famille qu’elle a goûté à l’alcool, mais juste comme apéritif. C’est à cette époque que j’ai commencé à fumer la cigarette et jusqu’à présent, « Je suis une femme libre », lâche-t-elle.

Lat Ndiaye, régisseur de spectacle à la Maison de la culture Douta Seck et collaborateur de l’artiste soutient qu’ « elle est un peu difficile à canaliser car elle met toujours en avant ses idées, ce qui fait peut être qu’elle a toujours travaillé seule ».

Rencontre avec les frères Touré kounda

C’est à la cité universitaire en France, précisément à l’occasion d’une soirée que Seynabou Diop a rencontré le groupe Touré Kounda. Au cours de la soirée, elle fit irruption dans la loge des artistes où elle trouva abondamment de bouteilles de boissons. Elle était gratuite pour eux. J’ai demandé qu’il m’en donne, narre-t-elle. C’est ainsi qu’elle fit connaissance d’Amadou, le frère aîné du groupe.

Il la présenta à ses frères Cheikh et Ismaël. Devenus amis, ils se fréquentèrent. Mais, c’est leur manager, Kouka, qui l’aida à mieux intégrer le groupe. Il l’appelait « artiste ». Elle perdit le préfixe « sey » de son prénom. Désormais, elle est rebaptisée « nabou » dans le milieu artistique.

Avec le soutien du manager congolais du groupe, Nabou commença à prendre des cours de ballet. « Je disais, explique-t-elle, à mon copain d’alors, qu’une voix me disait d’aller danser ». Il s’y ajoute que l’enfant de Grand Bassam demeure convaincue que la danse est un art qui s’apprend. « Seynabou Diop est une artiste complète, naturelle et très engagée, témoigne M. Ndiaye. L’artiste a mis en place une école de danse, un ballet et anime aussi des stages gratuits et de création chorégraphique à la Maison de la Culture Douta Seck, pour les jeunes. A cet effet elle ne cesse de décrier les nouvelles formes de danses qu’elle considère obscènes.

Amadou Touré est décédé en 1981. Nabou a décidé de lui rendre un hommage. Et le premier morceau qu’elle a dansé au cours du concert en hommage à Amadou, est le « bawnan » des frères Touré Kounda. « C’était l’apothéose dans la salle. J’ai fait applaudir tout le public. C’était extraordinaire », dit-elle. Cependant, à cause de la fatigue, difficile a été le réveil du lendemain. Nabou a été hospitalisée pendant une semaine. Elle est devenue le chouchou des radios. C’est le début d’une aventure de danseuse qui dura 7 ans avec les frères Touré Kounda. Elle a fait le tour du monde. Puis, elle fit un break de 13 ans pour s’occuper de sa fille. C’est parce que cette dernière a 18 ans maintenant que Nabou est revenue dans la musique, mais comme chanteuse et compositeur. Son album paru en décembre dernier s’intitule « aduna ». Un mélange de reggae, salsa, acoustique et mbalax.



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