Aminata Nar Fall est aujourd’hui l’une des figures féminines marquantes du jazz sénégalais. Cette Sénégalaise vivant en France a abandonné sa profession d’architecte pour consacrer sa vie au jazz. Mieux, aujourd’hui, elle fait de la promotion de ce genre musical, son cheval de bataille en Afrique.
Aminata Nar Fall connaît bien le jazz. Cette Sénégalaise vivant en France parle de ce genre musical avec une certaine maîtrise. Elle retrace l’origine et l’évolution du genre sans hésitation et apporte parfois des précisions qui démontrent une érudition en la matière .
Si plusieurs spécialistes de la musique ou musiciens considèrent le jazz comme la base des genres musicaux, Aminata Nar Fall n’est pas de cet avis. En revanche, elle s’accorde sur l’origine africaine de cette musique qui est devenue plus populaire en Amérique, en Europe. Selon l’artiste, c’est après la fin de la guerre de sécession que le jazz a gagné les villes américaines et le nord des Etats-unis.
« Le Jazz vient de l’Afrique. Les esclaves entonnaient cette musique pour chanter l’espoir, le désespoir, la souffrance et un futur meilleur. C’est après la fin de l’esclavage que le jazz a été adopté dans les villes », précise l’artiste.
Depuis, la cote du jazz est restée intacte aux Etats-unis, contrairement à l’Afrique d’où le jazz est parti. Pour cette raison, Aminata Nar Fall a fait de la promotion de ce genre son cheval de bataille.
« Aujourd’hui, je me bats pour rendre populaire cette musique », annonce le jazzwomen. Le manque d’espace d’expression, la tyrannie des autres courants musicaux, tels sont, selon Aminata, les facteurs qui empêchent le jazz de prendre son essor au Sénégal et en Afrique.
« Il n’y a pas de lieu d’expression de la musique jazz. Les émissions sur le jazz ne sont pas nombreuses. Le Festival jazz de Saint-Louis est un moment intense de promotion de cette musique. Malheureusement, d’année en année, l’organisation de cette manifestation connaît des problèmes », note l’artiste.
Sa musique est fortement influencée par les sonorités locales. Aminata a bâti son style jazz avec la percussion et d’autres instruments de la musique sénégalaise. Elle donne une explication financière à la propension des chanteurs sénégalais à s’orienter vers le « mbalax ».
« Les Sénégalais ont des talents pour exceller dans d’autres genres comme le jazz. Si aujourd’hui la plupart d’entre eux tournent vers le « mbalax », c’est que c’est un créneau porteur d’espoir au Sénégal », soutient Aminata Fall.
Elle est sortie de l’Ecole d’architecture de Paris. Mais n’a pas voulu exercer cette profession. Même si parfois elle fait des maquettes pour ses amis. Elle a préféré le jazz à l’architecture. Ce qui traduit d’ailleurs sa passion pour ce genre. Elle a participé à plusieurs festivals et n’éprouve pas de peine à faire accepter sa musique.
Partout on retrouve le public du jazz
« Je n’ai pas de problème pour faire passer ma musique. Le jazz a toujours eu son public à travers le monde. Partout à travers le monde, il y a des clubs de jazz. Cela est un atout pour les jazzman », avance l’artiste.
Aminata structure ses textes autour des thématiques du chômage, des difficultés de trouver une place dans une société dominée par l’argent. La condition féminine est aussi abordée, avec un peu de retenue. Parce que l’artiste ne se fait pas passer pour une féministe.
« Je parle de la condition des femmes sans excès. Je montre que les femmes ont leur place dans l’action et dans l’innovation », dit-elle. Aminata a mis sur le marché un Cd de six titres baptisé « Nao » (mère en langue mandingue).
De passage à Dakar, l’artiste se produit samedi prochain au Pen’Art club. Une façon pour elle de communier avec les mélomanes dakarois et sénégalais et de leur faire aimer le jazz.
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