
Un animateur radio australien a été licencié après avoir demandé avec insistance au premier ministre si son compagnon, un ancien coiffeur, était "gay", nouvel épisode des attaques ad hominem visant Julia Gillard dans la perspective des législatives. Le ton des campagnes électorales en Australie est souvent fiévreux et les noms d'oiseaux fusent de part et d'autre du spectre politique mais cette campagne bat des records en la matière, selon les observateurs. "Depuis la fondation de la Nouvelle-Galles du Sud comme colonie pénitentiaire britannique en 1788, la vie publique (australienne) a la réputation d'être tumultueuse" avec un langage "fort", relève la politologue Marian Sawer. Tout le monde ici se souvient par exemple que l'ancien dirigeant travailliste Mark Latham avait publiquement qualifié le Premier ministre de l'époque John Howard de "lèche-cul" du président américain George W. Bush. "Et je ne crois pas que les choses se soient améliorées. Les gens espéraient qu'avec l'arrivée d'un plus grand nombre de femmes en politique, il y aurait du mieux, mais non", déplore-t-elle. Après une semaine de boules puantes en Une de la presse nationale, le très sérieux quotidien financier The Australian Financial Review titrait: "Nous méritons mieux". Julia Gillard, une travailliste laïque qui vit en union libre, sans enfant, reçoit régulièrement les flèches les plus acérées de l'opposition conservatrice, laquelle n'hésite pas à railler son physique. Howard Sattler, animateur sur Fairfax Radio, a poussé une nouvelle porte jeudi soir en insinuant que le compagnon de Mme Gillard, Tim Mathieson, était homosexuel et le cachait. "Tim est gay. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est une rumeur", a-t-il lancé. "C'est absurde", a répondu la Première ministre. "D'accord, mais vous entendez bien ce qu'on dit, il doit être gay, c'est un coiffeur", a insisté le présentateur. "Donc vous confirmez qu'il ne l'est pas?", a encore demandé Howard Sattler. "Howard, ne soyez pas ridicule, bien sûr qu'il ne l'est pas", a répondu Julia Gillard sans pour autant satisfaire son interlocuteur qui est revenu à la charge à plusieurs reprises. Vendredi, la direction de la radio a annoncé la suspension de l'intéressé, considérant que "les questions posées par M. Sattler étaient irrespectueuses et étrangères au débat politique". Mais dans l'après-midi, le directeur général de la radio, Martin Boylen, a fait savoir à l'antenne qu'il était finalement licencié. "La radio a décidé de mettre fin au contrat de M. Sattler", a confirmé la radio sur son site internet. Selon certains médias, le présentateur prévoit de contester son mise à l'écart. Mme Gillard a refusé de commenter l'incident tout en se disant préoccupée par l'étalage de la vie privée dans les médias. "Je veux que les jeunes filles et les femmes puissent avoir le sentiment d'avoir leur place dans la vie publique sans subir des interrogatoires de ce genre", a-t-elle dit.
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