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A Paris, une manifestation en mémoire d'Adama Traoré et George Floyd

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A Paris, une manifestation en mémoire d'Adama Traoré et George Floyd
 Alors que les Etats-Unis se déchirent une semaine après la mort de Georges Floyd, une foule massive a répondu à l’appel du collectif «Vérité pour Adama Traoré». Au moins 20 000 personnes ont bravé l'interdiction de manifester.


  A Paris, une manifestation en mémoire d'Adama Traoré et George Floyd
La manifestation était attendue, même si interdite en début d’après-midi par la préfecture de police de Paris en raison de l’état d’urgence sanitaire. Mais la vague inattendue. Par son ampleur, sa détermination, sa colère sourde contre «l’injustice», malgré l’encadrement très serré par les forces de l’ordre. Ils étaient donc autour de 20 000 personnes à se rassembler devant le tribunal de grande instance de Paris pour réclamer justice pour Adama Traoré, mort en juillet 2016 quand il avait été interpellé par les gendarmes dans le Val-d’Oise. En écho, d’autres mobilisations ont également été observées à Marseille, Lyon ou Lille. A Paris, la dispersion a donné lieu à quelques échauffourées.

18 heures. Des centaines de personnes convergent vers le parvis du tribunal judiciaire de Paris (XVIIIe arrondissement). Le rassemblement est prévu à 19 heures mais déjà de nombreux manifestants ont répondu présents. Tout comme les forces de l’ordre. Les fourgons de police s’étendent à perte de vue boulevard de Bessière et les artères qui bordent le tribunal sont toutes bouclées. Derrière le tribunal, les canons à eau sont de sortie. Tout comme les pancartes, t-shirt noirs et slogans contre les violences policières. Adèle, la vingtaine, casquette vissée sur la tête et masque sur le visage se félicite qu’autant de monde ait répondu à l’appel de la famille Traoré. «J’ai l’impression qu’il y a un changement dans les mentalités. Il est temps d’élever notre voix. Ce n’est pas normal qu’il y ait des personnes tuées à cause de la police», s’insurge la jeune femme venue spécialement de Drancy avec trois amies. Elles participent toutes les trois à leur premier rassemblement. «Je ne peux plus m’entourer de personnes qui ne sont pas au courant de ce qu’il se passe avec la police ou qui sont contre mes idées. Là, c’est l’affaire de trop. Il est temps qu’on se réveille.»


«I can’t breathe»

Sur les pancartes, des messages tels que «I can’t breathe», les derniers mots prononcés par Georges Floyd, l’Afro-Américain mort à Minneapolis après son arrestation musclée par la police, mais aussi «justice pour Adama». Quatre ans après, une nouvelle expertise médicale, réalisée à la demande de la famille de ce jeune homme noir de 24 ans, décédé lors d’une arrestation à Beaumont-sur-Oise en 2016, attribue son décès à un plaquage ventral, une technique d’interpellation largement contestée et décriée. Vendredi 29 mai, la dernière expertise médicale de l’enquête avait pourtant à nouveau écarté la responsabilité de la technique d’interpellation.

Entourée par la foule, Assa Traoré, la sœur du défunt, l’assure : «Peu importe la couleur de peau, peu importe la religion, on ne peut pas rester spectateur face à l’injustice et à l’impunité policière […] la France est le seul pays où le rassemblement a été refusé», déclare la jeune femme, en référence à l’interdiction de manifester prononcée par la préfecture de police, seulement quelques heures avant le début du rassemblement. A la foule qui l’acclame, elle le clame : «Mon frère ne reviendra pas, mais tous les combats qu’on va faire, on les fait pour vous.» A 19 heures passées, des centaines de personnes continuent de converger vers le parvis. La foule est compacte, jeune et déterminée. Certains se postent sur des Algecos, d’autres sur les blocs de béton qui bordent le chantier face au tribunal.

Pour Isaac 21 ans, il est temps que les choses changent: «La mort d’Adama Traoré n’a pas été filmée mais celle de Floyd oui. Et ça a eu un impact sur les jeunes générations.» A ses côtés, son ami Sebe s’inquiète, lui, de la proposition de loi déposée par Eric Ciotti pour empêcher la captation et la diffusion d’images de la police. «Avec ce projet ils veulent nous réduire au plus bas. Nous supprimer notre seule et unique arme», s’indigne le jeune homme. «La police s’acharne toujours sur les mêmes personnes, renchérit Jérémy, la vingtaine et étudiant. Elle veut museler les minorités. Pour ne pas que les quartiers populaires s’expriment.»

Sur sa pancarte, Maria Helena, 29 ans, a écrit «Les bicots vous regardent, Monsieur le Commissaire d’Asnières», en référence à la suspension des deux policiers mis en cause pour des propos racistes lors d’une interpellation le 26 avril dernier. «Si on veut que les choses changent, il faut que les supérieurs soient suspendus, arrêtés aussi. Et condamnés.»

À la fin du rassemblement, alors que la foule reste sur place, des heurts éclatent. Boulevard de Bessière, un abri bus est incendié, de même qu’un amas de trottinettes. Plusieurs dizaines de personnes réussissent à pénétrer sur le périphérique et à bloquer la circulation avant de se faire déloger par la police. Les forces de l’ordre se déploient rapidement et chargent à plusieurs reprises la foule. De nombreux jets de gaz lacrymogènes rendent l’air irrespirable.

Au milieu des mouvements de foule et de la fumée, trois jeunes femmes se demandent comment elles vont pouvoir quitter le rassemblement et observent la situation : «Pourquoi est-ce qu’ils ont brûlé l’arrêt de bus ? Ils ont dû dire que c’est à cause de nous, que les noirs sont des sauvages», explique l’une qui participe comme beaucoup de personnes à sa première manifestation. Sur la vitre du tribunal, une banderole a été accrochée. On peut y lire : «From Minneapolis to Beaumont, make racist afraid again.»




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