
Abdou Diouf ne pouvait pas rêver plus beau cadeau pour son soixante dix-huitième anniversaire que de donner le coup d'envoi des VIIe Jeux de la Francophonie hier soir à Nice au côté de François Hollande. Le simple hasard du calendrier ne peut expliquer à lui seul cette heureuse coïncidence. C'est un signe. Un de plus que le destin de l'ancien président de la République du Sénégal est lié à jamais à la cause francophone.
Secrétaire général de l'Organisation internationale depuis 2002, Abdou Diouf était l'invité du Groupe Nice-Matin pour un Face à la rédaction exceptionnel et tout en simplicité. L'héritier de Senghor, amoureux de notre pays, de sa littérature et de son histoire a défendu avec passion la langue française. Pas seulement comme le porte-étendard de l'exception culturelle mais bien comme un atout économique, un axe de développement, nécessaire et rassembleur. Abdou Diouf en a fait son combat, une cause noble, internationale et moderne. Il a conscience, et il le regrette, que les élites intellectuelles s'en désintéressent, les politiques ne s'en mêlent pas, ou trop peu, bien qu'il salue le soutien affiché de Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande.
Surtout, le secrétaire général de la Francophonie est navré que les citoyens eux-mêmes ne soient pas plus sensibilisés à la protection de leur patrimoine linguistique. Alors, inlassablement, Abdou Diouf multiplie les déplacements et les rencontres, sans omettre de s'exprimer sur l'impérieuse nécessité de privilégier le dialogue entre les peuples. En temps de paix, comme à l'aube d'un nouveau conflit. Des paroles bien sages qu'il ne serait pas inutile d'écouter de temps à autre...
Êtes-vous favorable à une intervention en Syrie ?
Je suis favorable à une intervention internationale qui permettrait d'engager un dialogue politique de qualité ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. L'emploi d'armes chimiques, si cela se confirme, est inacceptable. Ce conflit est d'autant plus grave que le Liban, un État que nous aimons beaucoup au sein de la Francophonie, en subit les dommages collatéraux.
En quoi une intervention militaire permettrait de nouer un dialogue ?
Je n'ai pas parlé d'intervention militaire.
Non militaire, c'est quoi ?
Il faut que la communauté internationale se saisisse de cette question de façon plus énergique et plus imaginative. Mais je ne peux pas vous dire que c'est une frappe militaire qui réglera le problème. Je regrette qu'il n'y ait pas une implication plus forte de tout le monde pour venir au secours d'un peuple qui se meurt : plus de 100 000 morts, des réfugiés partout, une déstabilisation globale.
Regrettez-vous les atermoiements des États-Unis ?
C'est un État souverain qui procède à des consultations avant de prendre sa décision. Je trouve cela respectueux de la démocratie et des institutions américaines.
Comment voyez-vous l'évolution de la situation ?
Jusque-là on avait d'un côté Assad et de l'autre les rebelles qui le combattaient. Mais cette opposition est de plus contrôlée par les djihadistes. Je ne défends pas pour autant Assad qui a perdu toute légitimité et devrait même être traduit devant la cour pénale internationale. Mais il faut être vigilant pour que demain, si l'opposition gagne, il n'y ait pas un nouvel État djihadiste.
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