Au-delà de l'infanticide et de l'horreur du geste, l'affaire Villemin a été marquée par de graves dérives médiatiques. Les journalistes se sont parfois mués en enquêteurs parallèles ou ont même servi de relais à la police pour tenter d'influencer l'enquête. Jamais un meurtre n'avait autant déchaîné les passions. Il faut dire que tous les ingrédients du bon fait divers médiatique étaient réunis: le meurtre odieux d'un enfant innocent, la mise en scène macabre avec les cordelettes, les appels du corbeau, la rivalité familiale, la jalousie sociale.
Le début de l'emballement médiatique Dès les prémisses de l'enquête, l'affaire est prédestinée à être surmédiatisée. Quand le corps sans vie de l'enfant, pieds et poings liés, est repêché à 21h15 dans les eaux froides de la Vologne, un photographe est présent pour immortaliser l'instant macabre. Glaçant, le cliché, qui a été à la Une de la presse le lendemain, a contribué à l'emballement médiatique.
L'auteur de cette fameuse photo est Patrick Gless, un photographe de presse régional qui travaillait à l'époque pour la "Liberté de l'Est", devenu Vosges-Matin. Il prend trois photos du cadavre puis quatre autres clichés des pompiers en larmes, qui enveloppent le corps de l'infortuné petit Grégory dans une couverture. En tout, sept photos prises au flash dans la nuit qui feront le tour du monde. Interrogé par Sudpresse, le photographe explique qu'il a suivi les pompiers, puis six camionnettes de gendarmes qui fonçaient vers le barrage de Docelles.
"Une passerelle surplombait la rivière et j'ai pu prendre le cliché", se souvient-il. "A l'époque, ma fille avait 4 ans, comme Grégory. C'était compliqué de ne pas perdre la face. (...) La famille Villemin se trouvait à côté de moi. Christine, la maman du petit, hurlait et pleurait. Je n'ai pas osé la prendre en photo", explique-t-il notamment.
"En principe, une telle photo ne parait jamais dans la presse" Une photo qui préfigure le rôle que vont jouer les médias dans la suite de cette affaire, selon Jean-Marc Bloch, ancien patron du Service régional de la police judiciaire de Versailles (Yvesline) et co-présentateur de Non élucidé sur France 2. "Normalement, de telles photos ne paraissent jamais dans la presse.
Elles sont prises par des techniciens de la police ou de la gendarmerie à des fins d'enquête", analysait-il dans l'excellente émission rediffusée dimanche soir.
1 Commentaires
Anonyme
En Juin, 2017 (19:18 PM)Participer à la Discussion