
Trois journalistes du New York Times et du New Yorker ont reçu, lundi, le prix Pulitzer, plus haute récompense du journalisme aux États-Unis, pour leur couverture de l'affaire Harvey Weinstein révélée début octobre.
Ils ont déclenché une lame de fond dont ils n'avaient peut-être pas mesuré l'ampleur. Jodi Kantor et Megan Twohey du New York Times ainsi que Ronan Farrow, du New Yorker, ont reçu, lundi 16 avril, le prix Pulitzer, la plus haute récompense du journalisme aux États-Unis, pour leur couverture de l'affaire Harvey Weinstein, révélée début octobre.
Grateful for every brave source, for Jodi and Megan, and for a tireless @NewYorker team that stood by this story when others tried to bury it. This moment gets called a reckoning, but we just started telling the truth about old abuses of power. Thanks to all who keep doing so. https://t.co/AJ1QpjdWQs
— Ronan Farrow (@RonanFarrow) 16 avril 2018
Sur Twitter, Ronan Farrow a remercié ses sources et ses deux collègues. "[Je suis] Reconnaissant pour chaque source courageuse, pour Jodi et Megan, et pour l’infatigable équipe du New Yorker qui ont soutenu cette histoire quand d'autres ont essayé de l'enterrer. Il faudra rendre des comptes, mais nous avons juste commencé à dire la vérité sur les vieux abus de pouvoir. Merci à tous ceux qui continuent à le faire", a-t-il réagi.
Les trois journalistes ont été récompensés dans la catégorie la plus prestigieuse, celle du "journalisme de service public". Vingt-et-une catégories en tout sont en compétition, dont 14 dans le champ journalistique.
L'effet d'une bombe
Le premier article du New York Times sur l'affaire Weinstein, publié le 5 octobre, avait fait l'effet d'une bombe. Il citait les témoignages de plusieurs femmes affirmant avoir été harcelées par le producteur hollywoodien, créateur du studio Miramax, notamment celui de l'actrice Ashley Judd. Il rapportait également l'existence d'un accord à l'amiable conclu entre Harvey Weinstein et une autre actrice, Rose McGowan, payée 100 000 dollars en échange de son silence sur un incident survenu en 1997. Plus tard, la comédienne a affirmé qu'il s'agissait d'un viol.
Cinq jours seulement après la publication de l'article du New York Times, le New Yorker mettait en ligne un long article évoquant d'autres accusations visant Harvey Weinstein. Trois femmes, notamment l'actrice italienne Asia Argento, affirmaient avoir été violées par le producteur qui a transformé le cinéma hollywoodien en pariant sur des films différents ne rentrant pas dans les critères des grands studios.
Congratulations @RonanFarrow on your Pulitzer Prize and thank you for your courage and determination to tell our stories.
— Asia Argento (@AsiaArgento) 16 avril 2018
Dans un tweet, Asia Argento a aussitôt félicité Ronan Farrow pour la récompense. "Félications @RonanFarrow pour ton pris Pulitzer et merci pour ton courage et ta détermination à raconter nos histoires", a-t-elle écrit sur le réseau social. "Ce prix est aussi le tien", lui a répondu le journaliste.
Libération de la parole
Ces révélations ont libéré la parole des anciennes victimes présumées d'Harvey Weinstein, qui sont aujourd'hui plus de cent à avoir accusé le producteur aujourd'hui déchu. L'affaire a déclenché une lame de fond à Hollywood et bien au-delà, faisant tomber au passage des dizaines d'hommes de pouvoir dans le cinéma, la télévision, les médias et la politique. L'un d'entre eux a été le candidat républicain au Sénat dans l'État de l'Alabama, Roy Moore, rattrapé par des accusations d'agressions sexuelles sur mineures.
Le Washington Post a été le premier à publier le témoignage de quatre femmes se présentant comme des victimes présumées de cet ancien magistrat ultra-conservateur. Lundi, le prix Pulitzer dans la catégorie journalisme d'investigation a été attribué au quotidien pour cette série d'articles sur le passé de l'ex-juge. Après une campagne qui avait attiré l'attention du pays tout entier, Roy Moore, soutenu par Donald Trump, a été battu par un démocrate inconnu, Doug Jones.
The amazingly talented and generous @bethreinhard addressing the @washingtonpost newsroom after winning A PULITZER pic.twitter.com/60t3JBfdYI
— Elahe Izadi (@ElaheIzadi) 16 avril 2018
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