La télévision Al Jazeera aurait beaucoup contribué à l’éveil des consciences dans le monde arabo-islamique. Cette chaine réputée pour sa liberté d’expression était pourtant considérée comme des alliés des régimes islamistes et pro-arabes. Cependant cette révolution tous azimuts qui a touché le Maghreb et une partie du Proche-Orient fait croire qu’AlJazzera a porté le flambeau des contestataires en diffusant des messages hostiles aux régimes totalitaires .
La république islamique d’Iran a su verrouiller son empire toujours inaccessible aux ondes et aux faisceaux. Marqué par des turpitudes politiques depuis l'ère médiévale, du règne des shahs à la révolution des ayatollahs, l'Iran est devenu politiquement l'un des pays les plus représentatifs sur la scène internationale. Son histoire à la fois riche et complexe, donne au pays son caractère original. De par son ossature politique à la nomenclature médiatique, la république islamique iranienne s'offre également une presse pas comme les autres. Seuls les médias islamisés sont autorisés en Iran. En effet, une déontologie particulière est imposée aux journalistes qui sont dans l'obligation de s'inspirer de la théologie Khoumeyenienne conformément aux écrits contenus dans le livre vert de l'ayatollah.En effet, les médias en Iran existent depuis l'apparition du premier journal papier en 1835. Les médias regroupent aujourd'hui plusieurs agences de presse officielles, de très nombreux journaux et magazines, des chaînes de télévision officielles et libres (émettant depuis l'étranger) et des stations de radios.
Le blog ou la presse anonyme et l’Internet de façon générale, font également leur apparition dans le pays des shahs. Les médias iraniens soutiennent traditionnellement l’état islamique. En effet, pendant une bonne décennie (1987-1997), les dirigeants gouvernaient loin des indiscrétions des journalistes et devant une presse supportrice.L’Iran a échappé à l’acculturation et à l’assimilation après avoir freiné sitôt l’impérialisme. L’expansionnisme médiatique n’a pas pu prospérer dans ce pays hostile aux méthodes occidentales depuis la chute de la monarchie des Pahlavi en 1979, même si, par ailleurs, à côté des médias indépendants, la presse est partagée entre la droite et la gauche.
L’Iran s’illustre par une presse islamique qui divise réformateurs et conservateurs. C’est le cas des journaux Jam é Jam, Entekhab. Ces médias sont étiquetés conservateurs. Quant aux radios et télévisions locales (Canal 1, canal 2), elles restent entre les mains du gouvernement. C’est sous le règne de Mouhamed Khatami en 1997, qu’une certaine presse se libère de la tyrannie. Il s’agit des médias réformateurs tels que Resalat ou Hamshahri,Aftab-e Yazd, Shargh, Iran plus critiques vis-à-vis du gouvernement. Même si ces journaux sont estampillés « islam », ils dénoncent le régime théocratique en proposant des réformes majeures. Aujourd’hui, certains réformateurs, propriétaires de radios ou de télévisions font du pays voisin, l’Irak, un ciel d’asile aux ondes et aux faisceaux.
L'Etat islamique est le seul organe de régulation des médias.
Il contrôle les médias publics par le biais du ministère de la police. Tout organe anti-islamique ne sera pas considéré comme une presse digne de ce nom. La théologie est la science la mieux partagée dans le paysage médiatique iranien.La théologie au cœur des médiasDieu est au début et à la fin de tous les ouvrages médiatiques. C'est de cette manière que l'on reconnaît le ''bon'' journaliste en Iran. A l'image de certains médias confrériques sénégalais, la presse iranienne est exclusivement au service de la religion. Estampillé ''islam'', le médium iranien doit se détourner des choses mondaines comme le veut l'article 12 du livre vert de l'ayatollah.
Ce document est perçu comme le code de conduite des adeptes de la révolution. Il stipule que la radio et la télévision sont autorisées si elles servent à diffuser des informations ou des sermons, à inculquer une bonne éducation, à faire connaître les produits et curiosités de la planète. En revanche, elles doivent prohiber les chants, la musique, les lois anti-islamiques, les louanges aux tyrans, les paroles mensongères, les émissions qui répandent le doute et ébranlent la vertu. Ainsi, les discours religieux sont répandus dans le paysage médiatique iranien. Les dirigeants se servent des médias dans l'unique but de faire la propagande de leuridéologie théologique. Si la fonction première des médias est d'informer, d’éduquer et de distraire, en Iran, par exemple, les téléréalités à l'occidental sont un scandale. D'ailleurs, l'imam Khomeiny a déconseillé aux iraniens l'utilisation des récepteurs de radio et de télévision ne s'effectuant pas conformément aux principes ci-dessus.
Selon le livre vert, leur commerce est limité à ceux qui les utilisent à bon escient et obligent les autres à les suivre dans cette voie ; ce qui fait dire que la liberté des médias est au conditionnel; elle n'est admise que si les journalistes observent les principes de la religion musulmane. C'est ce que nous appelons la déontologie à l'iranienne.La déontologie à l'iranienneDés lors, une nouvelle presse, à la limite révolutionnaire, voit le jour au pays de l'imam. Une presse théologique s’empare, ainsi, des masses médiatiques iraniennes. Une déontologie particulière s'en suit. Face à cette exigence religieuse, la presse des réformateurs jugée par fois anti-islamiste, pour ses positions tranchées, est confrontée à d'énormes difficultés. Selon les chiffres du quotidien français
"Le Monde", publiés en Août 2000, 25 journaux réformateurs ont été censurés, et plusieurs journalistes jugés pour leurs écrits contraires à l'islam. Cependant, les autorités iraniennes soutiennent que la constitution accorde la liberté de la presse mais exigent le respect des principes islamiques. Selon la loi en vigueur, tout éditeur de presse doit avoir une licence de publication valide avant de diffuser. Les journaux jugés anti-islamiques sont privés de ce sésame. Ainsi, pour imposer aux journalistes cette déontologie à l'iranienne, le Majalis ou le parlement a adopté le 17 avril 2000 une loi mettant la presse sous la tutelle des ministères de la police et de la justice et sous la coupole du ministère de la culture. Donc, les journalistes iraniens sont apparemment dans l'obligation de faire fi à certaines dispositions de la charte de Munich rédigée en 1971 et dédiée aux professionnels du monde entier ; laquelle charte invite les journalistes « à respecter la vérité, quelles que dangereuses que puissent être les conséquences auxquelles il confronterait ; il ne doit pas ,ainsi, faillir à son devoir d’informer le public, de défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique , de publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent .I
l doit pas aussi supprimer les informations essentielles , ni altérer les textes et les documents , ni confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste , encore moins accepter des consignes, directes ou indirectes, des annonceurs . Il lui incombe également de refuser toute pression, de refuser les directives rédactionnelles ou des responsables de la rédaction ».Tout en prenant en compte la loi en vigueur dans chaque pays, le document de référence des journalistes, suppose que « le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre ». Etant donné que le gouvernement contrôle ces médias, respecter cette déontologie, telle qu’elle est énoncée dans cette charte, ne sera qu’une entreprise chimérique. Par exemple, faire la propagande de l’Islam dans les télévisions, radios, revues et magazines n’est pas une entorse à la déontologie selon les journalistes conservateurs. Cependant, dans son livre vert l’imam Khomeiny interdit à la presse « la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ». Ces mêmes interdits sont contenus dans la déclaration des devoirs et des droits des journalistes, source d’inspiration des professionnels du monde entier
. L’Iran et le monde de la presse
L’Iran fait partie des pays les plus médiatisés du monde. Mais cette nouvelle puissance, qui s’illustre par son programme nucléaire, est jugée différemment par l’opinion internationale. La presse orientale se heurte souvent aux médias occidentaux d’où la guerre des images…« Modérés », « extrémistes », « mollahs », « tyrans » « l’ennemi » sont autant de clichés employés respectivement dans les médias occidentaux et islamistes pour désigner les pro-chiites et les pro-juifs. Cette guerre des images pourrait être résumée en un duel des clichés, mieux en un combat à trois. La coopération technique entre l’Afp et l’agence publique iranienne, IRNA, a été vertement critiquée par iran-résist.org. Tout en s’opposant au régime d’Ahmadinejad, ces journalistes volontaires mènent un autre front avec la presse occidentale. Ils s’en prennent également à leurs compatriotes qui collaborent avec les étrangers sous prétexte que les informations livrées sont tronquées, voire censurées. Au moment où les réformateurs accusent l’Afp d’être de connivence avec le régime en place, l’agence occidentale revient sur l’affaire des missiles iraniens.
Après avoir aidé l’Iran à réussir un coup médiatique, l’Afp a finalement retiré la photo mettant en relief l’exploit des conservateurs islamistes. Cette photo reprise par les quotidiens LeMonde, Los Angeles Times et la Chicago Tribune serait truquée selon les agenciers qui s’excusent en ces termes : “le quatrième missile semble avoir été rajouté numériquement afin de masquer un missile n’ayant pas décollé lors des essais,”.Un tel dénouement réconforte la thèse du journaliste français Thierry Meyssan, qui, dans son ouvrage L’effroyable imposture, a essayé de décoder l’univers des médias construit de désinformations et de manipulations. Le président-fondateur du Réseau Voltaire, une association internationale des médias non-alignés en Europe, en Amérique latine et dans le monde arabe au nom de sa ligne indépendante, a remis en cause une pléthore d’informations véhiculées à l’époque par de grands médias occidentaux sur le Proche-Orient.
Ibrahima Benjamin DIAGNE Journaliste-auteur Lauréat prix Rfi-Rsf 2003
4 Commentaires
Mameediarra
En Février, 2011 (21:34 PM)à bas ahmadine jad
a bas l' ayatollah
Soldat
En Février, 2011 (22:07 PM)Khamm
En Février, 2011 (22:23 PM)Bourbadjollof
En Février, 2011 (22:30 PM)Participer à la Discussion