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Anti-terrorisme : les pays du G5 Sahel cherchent financement… désespérément

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Le président Emmanuel Macron posant aux côtés du président malien Ibrahim Boubacar Keita, du président tchadien Idriss Deby et du président nigérien Mahamadou Issoufou à l'Élysée dans le cadre du sommet de la paix à Paris, le 12 novembre 2019.
Les présidents tchadien et nigérien ont publiquement regretté mercredi un "manque de solidarité" de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel. Ils attendent toujours les financements promis.

"On nous écoute avec politesse, avec un petit sourire entendu, mais à l’arrivée il n’y a pas grand-chose", a déploré Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien, en marge du forum sur la paix, mardi 12 novembre, à Paris. Le dirigeant africain a profité de son passage en France pour expliquer que les financements annoncés par la communauté internationale destinés à lutter contre le terrorisme dans le Sahel n’étaient toujours pas parvenus dans les caisses de la force conjointe du G5 Sahel, cadre institutionnel formé en 2014 par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.

Or "en face de nous, nous avons des gens déterminés qui ont des ressources dans une guerre asymétrique à laquelle nos forces ne sont pas préparées", a poursuivi le dirigeant africain. En quelques mots, "nous nous sentons comme esseulés."

"Aidez-nous à tenir la route"

Un message relayé par son homologue tchadien mercredi sur RFI. "Des amis, des donateurs, des partenaires techniques et financiers nous ont promis plus de 12 milliards de dollars pour développer cette zone sensible", a déclaré Idriss Déby, dans l’émission "Le débat africain". Nous avons fait nos projets mais jusqu'au jour où je parle, en ce qui concerne le Tchad, aucun de ces projets n'a été financé. On n'a pas les financements (...) qu'on nous donne cet argent", a-t-il dit.

Concrètement, la force conjointe du G5 Sahel réclame d'un côté 12 milliards de dollars, soit un peu plus de 10 milliards d’euros, pour le développement et de l'autre 400 millions de dollars (363 millions d’euros) pour équiper ses armées. Or "sur les 400 millions rien jusqu'à nos jours, sur les 12 milliards rien", a regretté le chef d’État, évoquant notamment l'Union européenne et ses promesses d'aides. […] Nous faisons notre part, aidez-nous à tenir la route", a-t-il conclu.

Mais la route des financements est parfois longue. Surtout en ce qui concerne l’Union européenne. "Le décaissement des financements de Bruxelles peut être extrêmement lent, estime un expert de la question du terrorisme dans le Sahel dans un entretien à France 24. La France a d’ailleurs fait appel à l’agence Expertise France, un sous-traitant sollicité pour tenter de réduire les délais d’attente, mais il s’avère que le processus est encore plus long qu’avant."

Réticences

Aux lenteurs administratives s’ajoutent les réticences de certains États membres de l’Union européenne qui rechignent notamment à alimenter le PIP, le programme d’investissement prioritaire destiné à financer des projets dans ces pays émergents. Par ce plan qui prévoit notamment la construction d’écoles, de centres de soins, des accès à l'eau, les gouvernements espèrent éloigner les populations les plus vulnérables des tentations jihadistes. "Mais si certaines capitales européennes sont prêtes à mettre la main à la poche pour financer les armées de la force G5 Sahel, ils considèrent en revanche que l’aide au développement de ces cinq pays ne les concernent plus", considère l'observateur du Sahel.

Pour fonctionner, la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) est pourtant obligée de se tourner vers des aides extérieures. Car les cinq pays qui la composent font aussi partie des nations les plus pauvres du monde. Chaque État du FC-G5S contribue à hauteur de 10 millions d’euros du budget du groupement.

Dans le détail, sur les 414 millions d'euros promis, l'Union européenne s’est engagée à hauteur de 100 millions, dont huit millions de la France. L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont respectivement promis une aide de 100 et 30 millions d'euros. Il faut noter que ces chiffres ne concernent que le volet sécuritaire. Car 500 projets de développement - chiffrés à six milliards d'euros sur la période 2018-2022 - ont été présentés également à Bruxelles dans le cadre de l'Alliance pour le Sahel, une initiative portée par Paris.

En attendant que les promesses se concrétisent, les cinq pays africains engagés dans la lutte contre le jihadisme peuvent compter sur des aides indirectes. La France est pleinement engagée dans la lutte contre le terrorisme au Mali et au Sahel, à travers l’opération Barkhane, aux côtés de la force conjointe du G5 Sahel. Quelque 4 000 soldats français sont déployés dans la région, à la demande des pays du G5.

La MINUSMA au chevet du Sahel

L’ONU ne finance pas directement le FC-G5S mais agit également au Sahel par le biais de la MINUSMA. Si la force militaire onusienne n’a vocation à mener des opérations anti-terroristes, elle œuvre tout de même pour la paix sur une large zone qui comprend le Sahel.

Le groupement africain plaide d'ailleurs pour une aide directe de l’ONU. Le G5 Sahel a demandé à ce titre de placer la force sous chapitre VII de la charte de l'Onu qui permettrait un financement plus durable. En vain. Certaines puissances, à l’instar des États-Unis, s’y sont refusées, préférant limiter les dépenses extérieures.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est pourtant favorable "à un financement des Nations unies avec des contributions obligatoires pour la force du G5 Sahel", a-t-il estimé dans un entretien à RFI. "Mais même ça aujourd'hui à mon avis ce n'est pas suffisant", a-t-il poursuivi, un brin défaitiste. "Je suis entièrement convaincu que nous ne sommes pas en train de gagner la guerre contre le terrorisme au Sahel, qu'il faut renforcer cette opération."


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