
Une semaine après l'élimination d'Oussama Ben Laden par un commando américain à Abbottabad, au Pakistan, le temps n'est pas au beau fixe pour les relations entre Washington et Islamabad.
Le Wall Street Journal rapporte, lundi 9 mai, que des médias pakistanais — la chaîne ARY et The Nation — ont rendu public un nom qu'ils présentent comme étant celui du chef de poste de la CIA à Islamabad. Le porte-parole des services secrets pakistanais a démenti cette fuite.
L'agence AP affirme que le nom donné par les médias pakistanais n'est pas le bon. La Wall Street Journal croit savoir qu'il n'est pas encore question de rappeler le chef de station. Il n'empêche que c'est la deuxième fois en six mois que les médias pakistanais essaient de griller le chef de station de la CIA au Pakistan, obligeant l'agence à rappatrier son responsable.
LE PREMIER MINISTRE PAKISTANAIS PROMET DES PRÉCISIONS
L'affaire intervient au moment où Barack Obama affirme qu'Oussama Ben Laden avait très vraisemblablement disposé d'appuis au Pakistan et a exhorté les autorités d'Islamabad à ouvrir une enquête sur le sujet. Le premier ministre du Pakistan, Yousuf Raza Gilani, doit s'adresser, lundi, en début de soirée à l'Assemblée nationale pour "se confier à la Nation" sur l'opération nocturne du commando héliporté américain qui a tué le chef d'Al-Qaida. Dès dimanche, l'ambassadeur pakistanais à Washington, Husain Haqqani, a assuré que "des têtes tomberont une fois que l'enquête sera terminée".
Manifestation condamnant la mort d'Oussama Ben Laden, à Quetta, au Pakistan, le 8 mai 2011.AP/Arshad Butt
Depuis une semaine, l'opinion publique pakistanaise, très majoritairement anti-américaine, s'est émue d'une nouvelle "violation" de la souveraineté nationale en plus des innombrables attaques de drones de la CIA dans le nord-ouest, bastion des talibans et d'Al-Qaida, et de l'"incompétence" de son appareil militaire.
Le ministère de l'intérieur pakistanais a pourtant assuré, lundi, qu'il avait été été informé du raid américain, ce que les Américains n'ont jamais admis jusqu'ici. "J'ai été mis au courant de l'opération 15 minutes après qu'elle ait commencé, mais je ne croyais pas du tout qu'elle avait cet objectif", a le ministre Rehman Malik. Il a ajouté avoir "été informé en premier de la chute d'un des deux drones" impliqués dans l'opération. Il a souligné qu'il y avait "en permanence une coopération dans le domaine de la sécurité" entre les Etats-Unis et le Pakistan lorsque les forces américaines "mènent des opérations en territoire pakistanais".
Le Pakistan est l'un des pays qui a, de loin, payé le plus lourd tribut à la campagne contre Al-Qaida depuis que Islamabad a proclamé son soutien dès la fin 2001 à Washington. Selon Islamabad, plus de 5 000 soldats pakistanais ont été tués depuis fin 2001 dans les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan en combattant les talibans pakistanais et les combattants étrangers d'Al-Qaida.
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