Après des heurts samedi, durant les manifestations organisées par des protestataires antipouvoir à Beyrouth, la mobilisation a repris dimanche soir. De nouvelles violences ont opposés les manifestants et la police dans le centre de la capitale libanaise.
Les heurts ont repris, dimanche 15 décembre, près du Parlement à Beyrouth, entre manifestants et policiers, au lendemain de violents affrontements ayant blessé des dizaines de personnes.
Les contestataires antipouvoir ont jeté bouteilles d'eau et pétards sur les policiers, qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes et des canons à eau, selon un photographe de l'AFP.
Brandissant des drapeaux libanais, les manifestants, mobilisés depuis le 17 octobre contre une classe politique accusée de corruption et d'incompétence, ont scandé des slogans hostiles au Premier ministre démissionnaire Saad Hariri.
À la veille de consultations parlementaires pour nommer un nouveau chef de gouvernement, les contestataires, qui réclament un cabinet composé de technocrates et d'indépendants, refusent une possible reconduction à son poste de Saad Hariri. L’ex Premier ministre a dû démissionner le 29 octobre sous la pression de la rue.
"Nous sommes pacifiques"
"Nous n'accepterons pas Hariri à la tête du prochain gouvernement parce qu'il a contribué à la corruption et au ‘système’ qui gouverne le pays", a déclaré Carla, une manifestante de 23 ans, à l'AFP. "Nous n'arrêterons pas tant que nous ne parviendrons pas à déraciner l'ensemble du ‘système’", a-t-elle poursuivi.
Venue manifester contre "la classe politique qui ne nous entend pas depuis 60 jours". Nour, une pharmacienne, a estimé que les heurts de la veille étaient "honteux, parce que nous sommes pacifiques".
Samedi soir, des dizaines de personnes ont été blessées à Beyrouth, les forces de sécurité ayant fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Au lendemain de ces violences, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé sur la radio France Inter "les autorités politiques" libanaises à "se secouer", estimant que le pays se trouvait "dans une situation dramatique".
Des manifestants matraqués par des hommes en civils
Les heurts ont éclaté au moment où des manifestants ont tenté de franchir un barrage de police bloquant l'entrée d'une avenue menant au Parlement. Puis les violences se sont poursuivies ailleurs en centre-ville, où les protestataires se sont retrouvés enveloppés par l'épaisse fumée des gaz lacrymogènes.
Un photographe de l'AFP a alors vu des hommes en tenue civile, matraquer des manifestants. La police anti-émeute a tiré des balles en caoutchouc et les manifestants ont jeté des pierres, selon la même source.
La défense civile libanaise a annoncé sur Twitter avoir "transporté 36 blessés vers des hôpitaux", tandis que 54 civils ont été soignées sur place.
La Croix-Rouge libanaise a elle transporté 15 blessés vers des hôpitaux et soigné 37 personnes sur place, selon un bilan communiqué à l'AFP. Les blessés étaient des civils mais aussi des membres des forces de sécurité.
Les Forces de sécurité intérieure ont évoqué dimanche sur Twitter une vingtaine de blessés dans leurs rangs transportés vers des hôpitaux, d'autres ayant été soignés sur place.
Des personnes "infiltrées" pour "instrumentaliser" les rassemblements
Ces violences sont les plus significatives depuis le début de la mobilisation, qui s'est globalement déroulée dans le calme. Mais les accrochages se sont récemment multipliés et les forces de sécurité ont plusieurs fois eu recours à la force.
La ministre de l'Intérieur Raya el-Hassan a réclamé dimanche aux Forces de sécurité intérieure l'ouverture d'une enquête "rapide et transparente" pour déterminer les responsabilités dans les violences.
Elle a évoqué la présence de personnes "infiltrées" et alerté les manifestants sur "des parties" qui tenteraient "d'instrumentaliser" les rassemblements pour provoquer une "confrontation" avec les forces de l'ordre.
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