Aucune autre institution n’a pu avoir d’accès direct aux lieux et aux acteurs du conflit. »
On ne peut pas exclure que l’armée birmane ait fait un usage disproportionné de la force, concède Aung San Suu Kyi. Mais l’intention génocidaire ne peut pas être la seule hypothèse. Autrement dit, il y a peut-être eu des crimes de guerre, peut-être un nettoyage ethnique, mais pas la volonté d’exterminer une population déterminée.
Dernier point : « Nous avons pris des mesures, peut-être pas assez dit-elle, mais nous avons conclu un accord de rapatriement avec le Bangladesh pour que les déplacés reviennent sur le territoire birman. Comment peut-on parler de génocide dans ces conditions ? », demande Aung San Suu Kyi qui aura bien pris soin de ne jamais prononcer le terme « Rohingya ».
Pour elle, les exilés sont des musulmans. Ni plus ni moins. Pas question de reconnaître la spécificité, l’existence d’une ethnie rohingya que la Birmanie aurait voulu exterminer.
Je regrette que la Gambie ait dressé devant la Cour un tableau trompeur et incomplet de la situation dans l’État d’Arakan en Birmanie. On ne peut pas exclure que, dans certains cas, des membres de l’armée aient fait un usage disproportionné de la force, en contradiction avec le droit humanitaire international… Ou qu’ils n’aient pas fait de réelle distinction entre la rébellion armée et les civils. Mais lorsque vous examinez les agissements de ceux qui combattaient cette rébellion, gardez à l’esprit la complexité de la situation et les risques qu’elle fait peser sur notre sécurité et notre souveraineté : dans ces circonstances, l’intention génocidaire ne peut pas être la seule hypothèse.
Aung San Suu Kyi
11/12/2019 - par RFI
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