La mobilisation anti-junte se poursuit, mercredi, en Birmanie avec une grande manifestation à Rangoun malgré la crainte d'une escalade des violences. Le rapporteur de l'ONU a été informé de déploiements de troupes dans la ville et se dit "terrifié".
Le rapporteur des Nations unies en Birmanie, Tom Andrews, craint un regain de violences après avoir été informé mardi 16 février de l'envoi de soldats "depuis des régions périphériques vers Rangoun". "Dans le passé, de tels mouvements de troupes ont précédé des meurtres, des disparitions et des détentions à grande échelle", a-t-il mis en garde, se disant "terrifié".
Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, mercredi, à Rangoun. Les contestataires marchaient vers le centre-ville de la capitale économique, répondant à l'appel à manifester en masse pour exhorter la junte à rendre le pouvoir et demander la libération d'Aung San Suu Kyi.
À pied ou sur des deux-roues, ils défilaient dans le calme, arborant des pancartes : "Combat pour la démocratie", "rejetez le coup d'État", "respectez la loi !". "Aujourd'hui, nous devons nous battre jusqu'au bout, montrer notre unité et notre force pour mettre fin au régime militaire. Les gens doivent sortir dans la rue", a déclaré à l'AFP un étudiant de 21 ans.
Pour tenter d'empêcher les forces de sécurité de se déployer, des contestataires ont bloqué plusieurs axes avec des voitures, prétendant qu'elles étaient tombées en panne. Pour le moment, aucune présence significative de militaires et de véhicules blindés n'était visible, d'après des journalistes de l'AFP.
Malgré la peur des représailles, les appels à la désobéissance civile se poursuivent avec des médecins, enseignants, contrôleurs aériens, cheminots en grève contre le putsch. Ces grévistes sont particulièrement ciblés lors des arrestations.
Arsenal répressif renforcé
Les connexions internet ont été de nouveau presque totalement coupées dans la nuit de mardi à mercredi, avant d'être restaurées dans la matinée. La junte a aussi renforcé l'arsenal répressif : les perquisitions sans mandat et les placements en détention pour une courte période sans le feu vert d'un juge sont autorisés. Une loi très liberticide sur la cybersécurité est également en train d'être mise en œuvre.
Les généraux font la sourde oreille face aux multiples condamnations internationales et aux sanctions annoncées par Washington. Ils disposent jusqu'à présent de deux soutiens de taille à l'ONU, la Chine et la Russie, pour qui la crise actuelle constitue "une affaire intérieure" birmane.
"Nous n'avons pas été informés à l'avance du changement politique" qui s'est produit en Birmanie, a assuré mardi Chen Hai, l'ambassadeur de Chine à Rangoun. Des manifestants s'étaient rassemblés la veille devant la représentation diplomatique chinoise, accusant Pékin d'apporter son soutien aux militaires. La situation actuelle "n'est absolument pas ce que la Chine veut voir", a ajouté l'ambassadeur, dont le pays a d'importants projets et investissements en Birmanie.
Washington a de nouveau appelé l'armée à libérer tous les détenus et à "rétablir le gouvernement démocratiquement élu".
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