Le bilan de l’opération, lancée jeudi contre des trafiquants accusés de recruter des mineurs dans le quartier pauvre de Jacarezinho, est le plus lourd depuis 2016.
Au moins 25 personnes, dont un policier, ont été tuées dans une vaste opération antidrogue dans une favela de Rio de Janeiro, selon la police et les médias brésiliens. L’intervention a été menée, tôt jeudi 6 mai, contre des trafiquants de drogue accusés de recruter des mineurs dans le quartier pauvre de Jacarezinho, dans le nord de Rio.
La chaîne de télévision GloboNews a diffusé des images montrant des fuyards lourdement armés s’échappant à travers la favela pendant l’opération policière. Des habitants ont également diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos montrant des explosions, des échanges de tirs et des hélicoptères survolant la zone. D’importants effectifs policiers ont été vus en train de circuler dans la favela, tandis que des habitants effrayés tentaient de reprendre leurs occupations après la fin des tirs.
Bain de sang
« L’enquête fait suite à des informations reçues par l’unité de protection de l’enfance selon lesquelles des trafiquants de drogue recrutent des enfants et des adolescents pour rejoindre la principale bande criminelle de la région », a déclaré la police dans un communiqué. « Ces criminels perpètrent des actes tels que le trafic de drogue, le vol de marchandises, les agressions contre les piétons, les homicides et l’attaque de rames de métro, entre autres crimes dans la région », selon ce communiqué.
Le quartier de Jacarezinho est considéré comme une base du Comando Vermelho (Commando rouge), le plus important gang de trafic de drogue de Rio de Janeiro. Des habitants ont rapporté avoir vu des cadavres gisant sur la chaussée dans des mares de sang, et de nombreux corps sortis d’un véhicule de police blindé, a déclaré un responsable d’une communauté locale, demandant pour des raisons de sécurité que son nom ne soit pas publié.
Interdiction de mener des raids
Au moins deux personnes ont également été blessées alors qu’elles voyageaient dans le métro aérien, pris dans des tirs croisés, selon les médias qui ont montré des images de deux victimes recevant des soins sur le quai de la station Triagem. Selon la plate-forme numérique Fogo cruzado (Tirs croisés) qui répertorie les actes de violence à Rio de Janeiro, il s’agit du bilan le plus lourd pour une opération de ce genre depuis 2016, date du début du recensement.
L’opération s’est déroulée en dépit d’un arrêt de la Cour suprême interdisant à la police de mener des raids dans les favelas appauvries du Brésil pendant la pandémie de Covid-19, sauf dans des « circonstances absolument exceptionnelles ».
La police a indiqué que l’opération fait suite à une enquête ayant permis d’obtenir un mandat pour mettre sur écoute les communications de suspects et identifier 21 membres du gang « chargés d’assurer la domination territoriale à l’aide d’armes à feu ».
Le groupe « avait mis en place une structure de type militaire avec des centaines de “soldats” équipés de fusils, de pistolets, de grenades, de gilets pare-balles, de tenues de camouflage et d’autres accessoires militaires », a précisé la police.
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