L'ONU n'a pas suffisamment agi en Haïti pour honorer ses promesses auprès des victimes de l'épidémie de choléra, bactérie importée dans le pays en 2010 par des casques bleus, ont dénoncé ce jeudi des experts indépendants des droits humains.
«Les graves insuffisances dans le financement et dans les dépenses rendent les promesses de l'ONU illusoires» a indiqué le groupe d'experts indépendants des droits de l'homme des Nations Unies, dans sa lettre adressée au secrétaire général de l'ONU. «Bien qu'elles aient initialement cherché à obtenir 400 millions de dollars sur deux ans, les Nations Unies n'ont recueilli que 20,5 millions de dollars en trois ans environ et ont dépensé la somme dérisoire de 3,2 millions de dollars. Ce résultat est très décevant suite à la perte de 10.000 vies» dénoncent les experts, en évoquant le plan élaboré en 2016 par les Nations Unies pour aider les victimes de la maladie.
En réponse, Antonio Guterres a «réitéré les profonds regrets des Nations Unies pour les pertes en vies humaines et les souffrances causées par l'épidémie de choléra». Par la voix de son porte-parole, le secrétaire général de l'ONU a rappelé ce jeudi que, depuis le début de l'épidémie, l'organisation et ses agences ont mobilisé plus de 139 millions de dollars.
La responsabilité morale de l'ONU reconnue en 2016
En octobre 2010, le choléra a été introduit en Haïti suite à une mauvaise gestion des eaux usées dans une base onusienne de soldats népalais située dans le centre du pays. La bactérie s'est rapidement propagée à l'ensemble du territoire et, face aux conditions sanitaires précaires et l'insuffisance de structures médicales en Haïti, les morts se sont comptés par centaines au cours des premières semaines.
L'ONU n'a reconnu sa responsabilité morale qu'en 2016 mais a toujours nié sa responsabilité juridique, une position décriée par les défenseurs des droits humains. «Il y a une différence fondamentale entre lancer un appel aux dons caritatifs auprès des États membres de l'ONU et être contraint légalement de verser des sommes d'argent», ont indiqué les experts dans leur lettre à Antonio Guterres.
Aucun cas de choléra n'a été recensé en Haïti au cours des 15 derniers mois mais il faut attendre trois ans sans malade diagnostiqué pour considérer l'épidémie comme terminée. Depuis octobre 2010, 10.000 Haïtiens sont morts du choléra et plus de 800.000 autres ont été infectés par la bactérie.
0 Commentaires
Participer à la Discussion