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Combattants et civils perdent la vie aux quatre coins de la Syrie. Et les villages alentour vivent au rythme des funérailles.

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Combattants et civils perdent la vie aux quatre coins de la Syrie. Et les villages alentour vivent au rythme des funérailles.

Combattants et civils perdent la vie aux quatre coins de la Syrie. Et les villages alentour vivent au rythme des funérailles. Reportage à Alep.



"Il est un de nos meilleurs combattants", affirmait début août Yasser. La tendresse de son sourire contraste avec la froideur de la kalachnikov qu'il a toujours à la main. Une barbe brune et les cheveux en brosse, Abou el-Abed, 28 ans, se bat à Salaheddine, un quartier à l'ouest d'Alep. Dès le début de la révolution, il a laissé son emploi de décorateur d'intérieur à Tartous, cité alaouite - branche du chiisme à laquelle appartient Bachar el-Assad - où se trouve une base militaire russe.

Des rêves de "liberté et de démocratie" l'ont poussé à prendre les armes. Il voulait voir la construction d'"un État civil où alaouites, chrétiens, kurdes et sunnites pourraient vivre ensemble". Il souhaitait une révolution pacifique, "mais le gouvernement et les chabihas - les supplétifs de Bachar el-Assad qui sèment la terreur -, eux, ne le veulent pas. On a été obligés de prendre les armes", déclare-t-il alors. Ce jeudi, Houssein el-Ali, de son vrai nom, est devenu martyr.
La bataille d'Alep, "nous la gagnerons" !

Début août, l'armée loyaliste a commencé à sévèrement pilonner l'ouest et le sud d'Alep, dont ce quartier de Salaheddine qui est le théâtre de violents affrontements depuis près de trois semaines. Rien que le 9 août, 191 personnes ont été tuées sur l'ensemble du territoire, dont 107 civils, 45 rebelles et 39 soldats de l'armée syrienne. À Alep, le nombre de morts s'élevait à 27 le 9 août, à 34 le 10. La veille, les révolutionnaires ont effectué ce qu'ils appellent "un repli stratégique". "Si l'armée de Bachar pénètre dans Salaheddine, il ne devrait plus y avoir de bombardements et on pourra se battre de manière plus égale", explique de son côté Abou Rached, à Azzaz, une ville située à la frontière turque, demandant à ne pas révéler le reste de leur "stratégie".

Pour lui, comme pour la plupart des insurgés, la bataille d'Alep n'est pas terminée et ils "la gagner[ont]", lance-t-il avec détermination. Mais la violence des frappes n'a cessé d'affaiblir les révolutionnaires et d'alourdir le bilan. Ce 11 août, à la mi-journée, les combats ont déjà fait plus de 40 morts sur tout le territoire syrien.
Corps disposés sur des planches de bois

Recouvert d'un linge fleuri sous lequel de larges blocs de glace sont disposés, le corps pâle d'Abou el-Abed, allongé sur une planche de bois, est porté à bout de bras par quatre hommes une fois la prière terminée. Seul son visage est apparent. En fin de journée, alors que le soleil décline et que l'heure de l'iftar - la rupture du jeûne - approche, le cortège s'avance dans cette petite bourgade du nord de la Syrie au rythme des "Allahou Akbar", lancés comme pour demander à Allah de prendre soin de lui.

Les visages sont fermés. La foule grossit à mesure que les villageois se dirigent vers une seconde mosquée. Un second corps arrive. Il s'agit d'un civil, tué à Homs. La ville du centre du pays est en proie à d'importantes frappes depuis début août. Selon des activistes, près de 800 familles vivent "sous de lourds bombardements et n'ont ni eau, ni électricité, ni nourriture, ni gaz, ni essence, ni abri". Selon la même source, des enfants seraient "morts de déshydratation".
Rafales de kalachnikov

Les corps des deux jeunes hommes sont transportés en direction du cimetière où ils seront enterrés de suite. Les hommes s'arrêtent. Chantent. Et tournent en rond pour présenter les deux martyrs. Sur le bord du chemin, des femmes suivent le spectacle du regard. "L'un d'eux est le fils de ma cousine", pleure Fatima, toute voilée de noir. "Notre coeur saigne et personne ne fait rien." Des rafales de kalachnikov retentissent. Ce sont les révolutionnaires. Des vieux en djellaba se retournent, s'énervent et demandent aux combattants de l'armée syrienne libre d'arrêter ces tirs. Ils réitèrent. Des tirs d'adieu pour leur camarade de guerre. Des enfants se bouchent les oreilles. Écarquillent les yeux, apeurés, avant de courir ramasser les douilles tout sourire.

De temps en temps, certaines personnes lèvent les yeux au ciel, à la recherche d'éventuels avions ou hélicoptères. Quelques jours plus tôt, le régime de Bachar el-Assad avait tiré d'un hélicoptère sur un cortège funéraire à Tal Refat. Petit village situé à la périphérie d'Alep, il a été l'objet de frappes aériennes le 9 août. Une maison et une école ont notamment été touchées. Plus d'une dizaine de personnes ont perdu la vie.

Depuis le début de la révolution, il y a près de 17 mois, plus de 20 000 personnes ont été tuées. Le 8 août, certains Syriens ont reçu un texto du gouvernement : "Vous verrez de vos propres yeux que l'armée républicaine va écraser les terroristes."
 



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