COTE D’IVOIRE - Violation des accords de paix : Kofi Annan accuse le parti de Gbagbo

Au lendemain de l’agression du Haut représentant de l’Onu pour les élections en Côte d’Ivoire, il accuse le Fpi de «violer les accords de paix». Le pays connaît un net regain de tension après des mois d’accalmie. Des affrontements entre «Jeunes patriotes», proches du Président Laurent Gbagbo et partisans de l’opposition, ont fait un mort et six blessés à Bassam, près d’Abidjan.

Le parti du Président Laurent Gbagbo viole les accords de paix. Ce sont les mots du secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, mardi dernier. Dans un communiqué, il s’est dit profondément préoccupé par les récentes déclarations incendiaires faites par les dirigeants du Front populaire ivoirien (Fpi - parti présidentiel) incitant les “jeunes patriotes” à commettre des actes de violence en vue de perturber le déroulement des opérations d’identification en cours en Côte d’Ivoire.

Le chef du Fpi du Président Gbagbo s’est dit déterminé à «empêcher par tous les moyens» la poursuite du processus d’identification, qu’il qualifie de «mascarade» partisane. Pour les partisans du Président Laurent Gbagbo, les conditions d’obtention des cartes d’identité comportent le risque d’accorder un droit de vote aux populations immigrées du Nord, favorables aux partis d’opposition et aux rebelles qui contrôlent le nord du pays divisé depuis près de quatre ans.

«Le secrétaire général condamne avec la plus grande fermeté de tels actes, qui constituent une violation des accords conclus entre les parties ivoiriennes, y compris lors de la réunion de haut-niveau qu’il a organisée à Yamoussoukro le 5 juillet», souligne le communiqué onusien.

«Ces appels à la violence ont entraîné des pertes en vies humaines, ainsi qu’une attaque du véhicule du Haut représentant de l’Onu pour les élections en Côte d’Ivoire, M. Gérard Stoudmann», note le texte. Kofi Annan «encourage toutes les parties ivoiriennes à apporter leur pleine coopération au Premier ministre, dans la poursuite par le gouvernement de la mise en œuvre simultanée des processus d’identification et de désarmement», conclut le texte.

PAS D’INTERVENTION DES FORCES DE SECURITE

Selon une source diplomatique et un responsable de la Mission des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), Gérard Stoudmann a été agressé par des partisans du Président Gbgabo, alors qu’il venait voir le Premier ministre (Charles Konan Banny) lundi après midi.

Les «Jeunes patriotes» ont lancé des pierres sur la voiture du diplomate onusien devant les bureaux du Premier ministre, sans que les forces de sécurité présentes, notamment la garde présidentielle, n’interviennent. Gérard Stoudmann, qui n’a pas été blessé, a quitté Abidjan peu après cet incident pour New York où il devait participer à une réunion sur la Côte d’Ivoire. L’incident est survenu alors que Charles Konan Banny recevait une délégation de «Jeunes patriotes» pour discuter du processus d’identification des populations, très controversé dans le pays.

Par ailleurs, un homme a été tué et plusieurs autres ont été blessés mardi dans la station balnéaire de Grand-Bassam au cours d’accrochages liés au processus d’identification. De jeunes partisans de Gbagbo sont arrivés en car dans la matinée à Grand-Bassam pour empêcher le Tribunal itinérant qui délivre les documents d’entamer son travail, a déclaré un partisan de l’opposition sur place à un journaliste de Reuters.

«Maintenant, c’est œil pour œil, dent pour dent», a dit Traoré Abdoulaye Yao, vice-président de la jeune branche du Rassemblement des républicains (Rdr, opposition) en rendant visite à des militants blessés dans un hôpital public. Certains avaient été touchés par balles. La situation restait tendue mardi soir. Un incendie a été déclenché dans un immeuble abritant des locaux administratifs et les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les factions rivales qui se rassemblaient à nouveau en fin d’après-midi, a rapporté un journaliste de Reuters.

Grand-Bassam, qui se trouve à moins de 40 km d’Abidjan, a brièvement été la capitale de la Côte d’Ivoire sous la domination coloniale française. Aujourd’hui, les restaurants du bord de mer sont fréquentés par les Abidjanais des classes aisées et les rares touristes étrangers présents dans le pays contre les recommandations de leurs services diplomatiques.

Lundi, des soldats fortement armés s’étaient déployés dans la ville de Divo, dans le Sud ivoirien, où des affrontements entre militants avaient fait la veille au moins un mort et des dizaines de blessés.