La commission d'enquête du Sénat sur le Covid-19 a entendu mardi le Pr Didier Raoult seul, après son refus de participer à une table ronde avec deux autres chercheurs comme initialement prévu.
Après les députés le 24 juin dernier, c'était au tour des sénateurs de procéder à l'audition, mardi 15 septembre, du controversé professeur Didier Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU), connu pour sa défense de l'hydroxychloroquine dans le traitement contre le nouveau coronavirus.
Le microbiologiste s'est exprimé seul devant la commission d'enquête, après avoir refusé le format de table ronde avec deux autres chercheurs. En effet, Didier Raoult devait initialement échanger avec l'épidémiologiste Dominique Costagliola, directrice de recherche à l'Inserm, et l'infectiologue Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat à Paris.
"C'est au-dessus de mes forces" de "discuter sereinement avec des gens qui m'insultent", s'est justifié Didier Raoult, en ouverture de son audition, faisant référence à une tribune intitulée "Halte à la fraude scientifique", publiée le 2 septembre par Libération, et dont Dominique Costagliola est l'une des signataires.
Didier Raoult fidèle à son style
C'est donc sans contradicteurs que le microbiologiste a pu développer ses arguments dans son style caractéristique mélangeant longues réponses techniques et accusations sévères. Le scientifique a une nouvelle fois justifié la politique de tests massives de l'IHU dès le début de l'épidémie et affirmé l'efficacité de l'hydroxychloroquine, pourtant démentie par un grand nombre d'études.
Il s'est dit "extraordinairement surpris" par l'ampleur des mises en garde contre les effets secondaires de ce médicament, un dérivé de la chloroquine habituellement utilisé pour traiter des maladies auto-immunes.
Un discours qui a trouvé un écho parmi plusieurs membres de la commission, comme la sénatrice du Jura Sylvie Vermeillet (Union des démocrates), atteinte par le Covid-19 mi-mars, assurant très émue que Didier Raoult avait été "le premier à nous donner de l'espoir".
D'autres ont en revanche vu "une forme d'imprudence" dans l'expression publique du chercheur au début de l'épidémie, affirmant l'efficacité de l'hydroxychloroquine alors que seuls des résultats très préliminaires étaient disponibles.
Le port du masque est "raisonnable", selon Raoult
Concernant l'efficacité de la généralisation du port du masque, devenu obligatoire dans de nombreuses villes françaises, Didier Raoult a d'abord expliqué humblement qu'il était très difficile de répondre à cette question.
"Les études comparatives sont difficiles à analyser parce que les comportements sociaux dans les différents pays ne sont pas les mêmes, en particulier dans les rapports sociaux."
Cependant, "si porter un masque empêche les gens de s'embrasser, on peut penser que c'est raisonnable", a-t-il assuré devant les sénateurs.
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