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International

Crise migratoire au Bélarus: Merkel demande à Poutine d'intervenir

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Angela Merkel demande à Poutine de réagir face à la crise migratoire
Lors d'un entretien téléphonique, la chancelière sortante a jugé "inacceptable et inhumaine (...) l'instrumentalisation des migrants" à la frontière entre la Pologne et le Bélarus où des milliers d'entre eux sont pris au piège, selon un tweet du porte-parole.
Au cours de l'entretien, à l'initiative de "la partie allemande", "des inquiétudes ont été exprimées sur les conséquences humanitaires" de cette crise migratoire, a précisé de son côté le Kremlin dans un communiqué.

M. Poutine a "proposé que des discussions (...) soient arrangées directement entre les membres de l'UE et Minsk", a-t-il ajouté.
Des milliers de migrants désespérés sont massés par un froid glacial à la frontière entre le Belarus et la Pologne. Mardi, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a carrément désigné le président russe comme le "commanditaire", selon lui, de la vague de migrants.

Le Kremlin a jugé mercredi "inacceptable" d'être considéré comme responsable de cette situation.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas s'est déclaré mercredi favorable à de nouvelles sanctions de l'Union européenne contre le Bélarus, estimant que le président Alexandre Loukachenko exploitait "sans scrupule" les migrants en les envoyant à la frontière polonaise.

Varsovie accuse Minsk de “terrorisme d’État”
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accusé mercredi le Bélarus de “terrorisme d’État” dans la crise des migrants massés à la frontière entre les deux pays qui constitue aussi la frontière orientale de l’Union européenne.

“Il est clair que ce à quoi nous sommes confrontés ici, c’est à une manifestation de terrorisme d’État”, a déclaré M. Morawiecki lors d’une conférence de presse conjointe avec le président du Conseil européen Charles Michel.

Il a dénoncé une “vengeance discrète” du président bélarusse Alexandre Loukachenko pour le soutien de la Pologne à l’opposition bélarusse.

Les gouvernements occidentaux accusent M. Loukachenko d’alimenter les tensions en délivrant des visas à des migrants, venus principalement du Proche-Orient, et en les acheminant à la frontière avec la Pologne pour se venger des sanctions européennes adoptées contre son pays après sa répression d’un mouvement d’opposition suite à la présidentielle de 2020.

Le Bélarus rejette ces accusations et accuse la Pologne de violation des droits de l’Homme en raison de son refus d’autoriser les migrants à entrer sur son territoire.

De son côté, M. Michel a déclaré que “des sanctions éventuelles (contre le Bélarus) étaient à nouveau sur la table”, précisant que les pays membres de l’UE allaient en discuter lundi.

“Nous devons démontrer notre unité forte afin d’avoir de l’influence et faire cesser ce qui se passe car ce n’est pas acceptable”, a dit M. Michel.

La Pologne a fait état mercredi d’une hausse des tentatives de franchissement de sa frontière et a repoussé des centaines de migrants au Bélarus, après avoir accusé Minsk et Moscou de vouloir orchestrer une crise à la frontière européenne.

L’ONU dénonce une “situation intolérable”
La crise des migrants à la frontière entre le Bélarus et la Pologne constitue une “situation intolérable”, a déclaré mercredi la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet, réclamant un accès humanitaire “immédiat”.

“Je suis consterné qu’un grand nombre de migrants et de réfugiés continuent d’être laissés dans une situation désespérée, dans des températures proches du gel, à la frontière entre le Bélarus et la Pologne”, a déclaré Mme Bachelet dans un communiqué.

“J’exhorte les États concernés à prendre des mesures immédiates pour désamorcer et résoudre cette situation intolérable, conformément aux obligations qui leur incombent, en vertu du droit international des droits humains et du droit des réfugiés”, a-t-elle ajouté.

Soulignant que les États ont l’obligation de protéger le droit à la vie, Mme Bachelet a affirmé que “ces centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ne doivent pas être contraints de passer une nuit de plus dans un climat glacial sans abri, nourriture, eau et soins médicaux adéquats”.

“Les réponses fortement axées sur la sécurité et la politique des deux côtés - y compris le déploiement accru de troupes - et la rhétorique incendiaire qui les accompagne, ne font qu’exacerber la vulnérabilité et les risques auxquels les migrants et les réfugiés sont confrontés”, a-t-elle également dénoncé.

“Un accès immédiat doit être accordé aux acteurs humanitaires, ainsi qu’aux autres membres de la société civile, aux journalistes et aux avocats”, a demandé Mme Bachelet.

“Plusieurs personnes sont déjà mortes au cours des derniers mois - les gouvernements de la région ne peuvent pas rester sans rien faire et permettre que d’autres vies soient perdues”, a-t-elle insisté.

Elle a également relevé qu’”en vertu du droit international, nul ne devrait jamais être empêché de demander l’asile ou d’autres formes de protection internationale des droits humains”.

Le Premier ministre polonais réclame un sommet européen sur le Bélarus
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a réclamé mercredi la tenue rapide d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement - au moins par visioconférence - sur la question des frontières du Bélarus, où des milliers de migrants et demandeurs d’asile sont acheminés par Minsk.

Cette réunion pourrait se tenir par vidéoconférence, sans attendre le sommet de Bruxelles programmé en décembre.

“L’UE a déjà pris des sanctions (contre le régime du Bélarus), mais elles ne font apparemment pas forte impression sur ce dictateur”, a affirmé M. Morawiecki à propos du président Alexander Loukachenko, dont la réélection à l’été 2020 n’a pas été reconnue par l’UE.

Lundi soir, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait évoqué la possibilité pour l’UE de prendre des sanctions contre des compagnies aériennes d’États tiers qui se rendraient complices des agissements de Minsk en y acheminant des voyageurs qui veulent en réalité migrer vers l’Europe. M. Morawiecki a soutenu cette position.

A Varsovie, Charles Michel a toutefois évoqué un avis des services juridiques du Conseil à propos des sanctions. “Une décision à ce sujet revient à la Commission européenne, mais mon sentiment, c’est que nous devons clarifier ce qui est possible ou non”.

“C’est une situation grave, nous examinons les mesures qui pourraient avoir un impact réel”, a-t-il dit. En tant que président du Conseil, le Belge souligne l’importance pour les Vingt-sept de rester sur la même ligne dans les heures et jours à venir.


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