Pour le premier jour de sa visite à Marseille, Emmanuel Macron s'est plongé dans les problèmes d'insécurité des quartiers du nord de la ville, sur fond de campagne présidentielle. Il a promis de renforcer la lutte contre les trafics de stupéfiants en accélérant pour 2022 l'arrivée de 300 policiers supplémentaires promis par le ministère de l'Intérieur.
En visite à Marseille, Emmanuel Macron a assuré mercredi 1er septembre ne pas être venu pour "faire de fausses promesses" à la veille de présenter un ambitieux plan destiné à répondre aux "urgences" sociales, éducatives, économiques et sécuritaires de la deuxième ville de France.
Après avoir passé tout l'après-midi dans les quartiers nord de la ville, gangrénés par la violence liée au trafic de drogue, Emmanuel Macron poursuivra sa visite jeudi en effectuant la rentrée scolaire dans une école, également dans les quartiers nord.
Accompagné de sept ministres, à huit mois de la présidentielle, le chef de l'État a d'abord été accueilli par le maire socialiste Benoît Payan. "Les attentes sont colossales et légitimes", a insisté l'édile alors que résonnaient devant la mairie de Marseille des slogans de manifestants appelant à la démission d'Emmanuel Macron.
"Du logement, de la considération, des emplois"
L'accueil a été beaucoup plus chaleureux plus tard dans l'après-midi, à la cité Bassens, où le président a osé un long bain de foule, à la rencontre des habitants. "Marseille a besoin de vous !", lui a lancé Bilal, éboueur de 32 ans.
"Tant qu'on ne combattra pas cette misère, on n'éradiquera pas ces trafics de drogue", a insisté Amine, 17 ans, frère de Brahim, mort fin décembre dans un règlement de comptes, en référence aux nombreuses plaies de ces quartiers déshérités, entre écoles vétustes, habitat insalubre et manque d'emplois.
"C'est du logement, de la considération, et c'est des emplois" qu'il faudra pour aider ces quartiers à redresser la tête, a répondu le président de la République, lors d'un court point presse improvisé au milieu de la cohue : "Mais je ne veux pas ici faire de fausses promesses", a-t-il insisté, expliquant sur France 3 Provence qu'il était "d'abord là pour écouter".
Emmanuel Macron qui poursuit sa visite jusqu'à vendredi devrait annoncer dès jeudi des investissement pour les écoles, les transports et le logement.
Un renfort de 300 policiers en 2022 et 500 caméras de surveillance
D'ores et déjà, il s'est attaqué à la question de la sécurité. "La réponse est aussi sécuritaire" et il faut "démanteler les réseaux", a insisté le chef de l'État auprès des habitants. Environ deux heures après son arrivée à Bassens, Emmanuel Macron est parti pour le commissariat de la division nord de la ville, dans le même arrondissement (15e), pour évoquer les difficultés de la lutte contre les violences liées au trafic de drogue, après un été marqué par une douzaine de règlements de compte sanglants dans les Bouches-du-Rhône.
"On ne lâchera rien [dans la lutte contre les trafics de stupéfiants]", a promis Emmanuel Macron devant les policiers. "Il faut traiter les symptômes […] parce que les habitants des quartiers demandent le droit de vivre tranquilles et dans la sécurité. Ils ne nous écouteront pas sur tout le reste si nous ne réussissons pas sur la sécurité", a-t-il assuré.
Il a annoncé une accélération de l'arrivée à Marseille des 300 policiers de plus promis par le ministère de l'Intérieur, qui seront tous là en 2022 et non plus 2023. "Il faut aller bien au delà de 300 policiers supplémentaires pour avoir une police efficace", a souligné Yannick Ohanessian, adjoint au maire à la sécurité, présent au commissariat. Le maire estime qu'il manque encore 800 policiers nationaux.
Le président a aussi promis des financements pour 500 caméras vidéos – un outil qui fait débat dans la ville.
Quant aux tribunaux, "nous répondrons à due proportion aux besoins évoqués", a insisté Emmanuel Macron, soulignant qu'après le renforcement des moyens de la police il ne fallait pas créer "un effet de thrombose" au niveau des tribunaux.
En mars, le président du tribunal de Marseille, Olivier Leurent avait dénoncé le manque de salles d'audiences – il en manque dix – et estimait qu'il faudrait 125 à 130 magistrats du siège (contre 114 actuellement) pour "tourner de manière satisfaisante" et éviter un déni de justice.
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