(Correspondance particulière) - Tout au long du mois de mai dernier, l'Espagne a vu débarquer sur ses côtes africaines, des milliers d'émigrés clandestins. Rien qu'entre le 11 et le 19 mai, plus de 2 300 sans-papiers sont arrivés à l'archipel des Canaries à bord de 32 embarcations de fortune parties des côtes mauritaniennes, mais surtout sénégalaises. Dans une semaine, ces clandestins auront accompli le délai des 40 jours de détention préventive prévu par la loi. Face à cette situation, conjuguée à la suspension des rapatriements par le gouvernement sénégalais suite à l'expulsion d'un premier contingent de 99 clandestins sénégalais, les autorités espagnoles n'ont d'autre choix que de procéder à la libération de tous les irréguliers ayant fait plus de 40 jours de détention préventive. “Nous savons la nationalité exacte de la moitié de ces immigrés, mais du fait que les autorités de leur pays d'origine, pour des problèmes politiques internes, refusent leur rapatriement, nous n'avons d'autre alternative que de les libérer. Mettre en prison ceux dont la nationalité est avérée, ne ferait que compliquer les choses et s'attirer les critiques des associations pour la défense et le respect des droits humains”, explique un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération du royaume d'Espagne.
Mais, alors que la libération suivie du transfert de ces 2 300 émigrés clandestins parmi lesquels des centaines de sénégalais, n'est pas encore effective, certains gouvernements régionaux au rang desquels Madrid et Valence commencent la levée des boucliers. Pour le gouvernement madrilène qui déclare avoir reçu 65 % des sans-papiers transférés vers la péninsule depuis le début de l'année 2006, il est hors de question de recevoir un clandestin de plus. Le discours est le même chez les exécutifs régionaux de Valence et Catalogne, à la seule différence que ces deux grandes provinces se disent toutefois disposées à étudier les modalités de recevoir sur leur territoire des ‘clandestins mineurs’. Un casse-tête de plus pour le gouvernement central qui compte désormais sur les provinces de Séville et de Léon pour trouver un point de chute aux 2 300 émigrés en voie de libération.
A la date du 30 mai dernier, l'Etat espagnol avait déjà procédé au transfert sur la péninsule de 5 200 clandestins arrivés aux Canaries depuis le début de l'année 2006 et procédé au rapatriement de plus de 600 sans-papiers.
L'Espagne alloue une ligne de crédit de plus de 13 milliards au Sénégal : Au moment où 2 300 emigrés clandestins s'apprêtent à accomplir leur 40e jour de détention préventive, le gouvernement espagnol vient d'allouer une ligne de crédit de 20 millions d'euros (soit environ 13 milliards 128 millions 856 mille 201 F Cfa) au Sénégal. La décision a été prise vendredi dernier en Conseil des ministres. Selon les autorités espagnoles, ce crédit qui sera inscrit au Fonds d'aide et de développement (Fad) servira à financer des projets de développement. “L'Espagne a une longue tradition de coopération financière avec le Sénégal. Depuis 1979, beaucoup de projets ont été financés dans le cadre du Fad”, lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres qui fait aussi cas du désir du gouvernement espagnol de fortifier les relations bilatérales entre les deux pays et “de contribuer au développement social et économique du peuple sénégalais”. Le crédit court sur 25 ans, avec une période de grâce de 8 ans, pour un intérêt annuel de 0.5 %.
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