ENTRE L’IMMIGRATION ZÉRO ET L’IMMIGRATION SANS LIMITE : Nicolas Sarkozy choisit de faire la balance

Attendu à cette tribune pour avoir porté le concept d’immigration choisie, le ministre français de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire est resté fidèle à ses convictions. « Bouleversé » par la tragédie de milliers de migrants africains tentant d’entrer dans l’enclave de Ceuta et Melilla ou de gagner les Iles Canaries, il a mis en garde contre deux extrêmes : l’immigration zéro et l’immigration sans limite.

Rabat (Maroc) - Il a assumé ses prises de positions, Nicolas Sarkozy ! Le ministre français de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire n’a pas pris de précaution langagière pour dire ce qu’il pense à cette tribune sur les migrations et le développement : « Je ne me laisserai pas intimider par deux ou trois remarques sur l’immigration choisie ». Puis, il a reprécisé sa pensée : « La France veut, à l’instar des grands pays, construire une immigration choisie qui n’a rien à voir avec l’immigration zéro, « concept dangereux », selon lui. « Il n’a jamais été question d’organiser une sélection unilatérale sur la base des diplômes ». Le concepteur du projet d’immigration choisie se livre au jeu des comparaisons, sorte de baromètre des élans du cœur de son pays. « De ce point de vue, l’Europe et la France sont plus généreuses que les autres, car les deux tiers des migrants n’ont aucun diplôme. 57% des migrants n’ont pas le bac alors que 60% ont fait des études supérieures de l’autre côté de l’Atlantique (Ndr : Amérique du Nord) », explique Sarkozy. Cette bienveillance mérite que cessent les critiques très dures à l’encontre de la politique française. À son avis, « Ce n’est pas normal que les plus généreux se fassent attaquer à l’interne, par des populations exaspérées et à l’extérieur. »

De tels jugements relèvent, selon le ministre français de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, d’une mauvaise interprétation du concept d’immigration choisie. « L’immigration choisie, c’est choisir d’un commun accord », précise M. Sarkozy, abordant le premier objectif de son initiative.

Le deuxième objectif est celui du co-développement. Il vise à permettre aux pays d’origine de bénéficier des transferts de fonds des immigrés africains chiffrés à 8 milliards de dollars en 2005 (4000 milliards de francs Cfa environ). Une infime partie de cette somme est réservée à l’investissement. « L’un des grands enjeux du dialogue entre l’Europe et l’Afrique devrait porter sur les moyens de transformer cette épargne pour en faire un outil du développement économique. Nous venons ainsi de créer en France, dans le cadre de la réforme de l’immigration, un produit d’épargne destiné à favoriser l’investissement des migrants dans leur pays d’origine. À terme, le développement de l’Afrique est la solution, la seule réponse au défi de l’immigration », estime M. Sarkozy.

Le troisième objectif de la politique française est celui de la lutte contre l’immigration, clandestine. « Je le dis clairement : la situation que nous vivons aujourd’hui en Europe est intolérable. Europol a estimé le nombre de migrants qui entrent illégalement en Europe à 500.000 personnes. Cette immigration clandestine est une atteinte à l’ordre public des États européens et à la stabilité de leur pacte social. Parvenus en Europe à l’issue d’un périple souvent atroce, les migrants sont livrés à l’horreur du travail clandestin, parfois au trafic de drogue et à la prostitution », déplore le ministre français