
Les proches des victimes de Mohamed Merah, "scandalisés", vont saisir la
justice en urgence pour obtenir l'interdiction de toute diffusion des
enregistrements des conversations entre le tueur au scooter et la
police, ont annoncé à l'AFP deux de leurs avocats.
Procédure d'urgence
"Les
victimes sont scandalisées d'apprendre le contenu de ces négociations à
la télévision. A ce rythme, ce sont les vidéos des tueries qui se
retrouveront sur la toile et l'atteinte sera alors irrémédiable", a dit
Me Samia Maktouf après la diffusion par TF1 des extraits audio des
dialogues de Merah avec la police lors du siège de son appartement les
21 et 22 mars. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a indiqué dimanche
soir avoir déconseillé aux chaînes de rediffuser les extraits en
question.
"Nous allons demander au parquet, conjointement avec
les autres parties civiles, d'enclencher une procédure d'urgence pour
bloquer la diffusion de ces enregistrements, par tout moyen et sur tout
support", a dit Me Béatrice Dubreuil, son associée, à l'AFP. "Les juges
avaient assuré aux familles que ces enregistrements seraient placés sous
scellés et qu'un dispositif d'alerte serait mis en place. C'était un
point extrêmement important pour elles", a-t-elle ajouté. "On attend que
la justice tienne promesse et que cette diffusion soit bloquée",
a-t-elle encore dit.
"Atteinte grave au secret de l'instruction"
"Les
familles des victimes ont l'impression que la justice ne va pas assez
vite et, en même temps, prennent connaissance du déroulement de
l'instruction par la télévision. Il s'agit d'une atteinte grave et
manifeste au secret de l'instruction", a ajouté de son côté Me Maktouf.
Dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait relevé
que l'enregistrement réalisé durant le siège par la police n'avait
"jamais été rendu public": "Il convient donc de s'interroger sur les
moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer ledit enregistrement".
Manuel Valls avait regretté cette diffusion, jugeant qu'"aucune
précaution n'(avait) été prise pour respecter les familles des
victimes" du tueur au scooter. L'Inspection générale de la police
nationale (IGPN), la "police des polices", a été chargée de mener une
enquête administrative et une enquête pénale sur la diffusion de ces
enregistrements faite dimanche par TF1. TF1 a diffusé pour la première
fois, dans son émission Sept à Huit, une partie des enregistrements
audio où l'on entend le "tueur au scooter" dialoguer avec des policiers
les 21 et 22 mars, et expliquer d'un ton posé, calme, ses crimes comme
ses projets criminels à venir. La chaîne a affirmé disposer d'une bande
de quatre heures et demie d'enregistrements. Le siège avait duré 32
heures et s'était terminé par la mort de Mohamed Merah.
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