Le mail, adressé lundi matin par l’IA, demandait aux directeurs d’écoles élémentaires de faire savoir "dans la journée" s’ils avaient des élèves sans-papiers dans leur établissement.
Devant la levée de boucliers provoquée par la demande, l’inspection envoyait l’après-midi même un second courrier électronique stipulant que le premier était une "erreur" et qu’il était "sans objet".
"C’est une grosse bourde, un grave dysfonctionnement d’un service particulier", a-t-on expliqué auprès de l’inspection académique, en précisant que la demande n’émanait "ni de l’inspecteur (d’académie), ni du recteur, ni du préfet, ni du ministère" de l’Education nationale.
A l’issue du Conseil des ministres, le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos a pour sa part regretté mercredi la "maladresse" de l’IA et assuré qu’il n’y avait "évidemment pas de volonté d’identifier les élèves qui dépendent de familles d’immigrés".
Le ministre a convoqué jeudi l’inspecteur d’académie afin qu’il s’explique sur ce courriel.
"Les directeurs ne sont pas des délateurs", s’insurge Amaury Schiffli, secrétaire du Snuipp 68 et directeur d’école à Fulleren (Haut-Rhin), dénonçant "une politique générale de chasse aux sans-papiers".
"Dès l’envoi de ce mail, nous sommes intervenus auprès de l’inspecteur d’académie qui, a priori, n’était pas au courant", précise-t-il.
"Le démenti est intervenu ensuite, il faut dire que les réactions des collègues, tant auprès des organisations syndicales que de l’inspection, ont été énormes", poursuit-il.
Affirmant ne croire "que très peu" à la thèse de la "bourde", M. Schiffli souligne le "contexte politique" dans lequel ce courriel intervient.
"On ne peut que dénoncer cette chasse aux sans-papiers qui se poursuit dans l’optique de faire du chiffre et de transformer les +instits+ en serviteurs zélés de l’Etat et en délateurs", renchérit de son côté Gilles Hargous, de Sud Education.
Selon lui, cette pratique s’inscrit "dans la droite ligne de la +base élève+", une base de données destinée à recueillir diverses informations sur les élèves —nationalité, date d’arrivée sur le territoire national— et accessible aux maires.
"Cela peut se transformer en fichier pour aller récupérer les enfants et les familles à leur domicile pour les expulser", avance-t-il.
"On ne peut accepter qu’un directeur d’école fasse ce travail de délation", s’indigne Martine Monteillet, adjointe au secrétaire départemental du Snuipp 68, pour qui les directeurs d’école, dont "la mission est d’éduquer", n’ont pas "à se substituer à la police".
Pour Eric Schultz, du Réseau éducation sans frontières (RESF), "la +bourde+, c’est d’avoir rendu public un questionnement qui existe par ailleurs". "Je ne vois pas quelqu’un de l’inspection prendre cette initiative seule, il y a forcément quelque chose derrière", estime-t-il.
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