Brice Hortefeux doit se frotter les mains. Car, sa croisade contre les étrangers en situation irrégulière est en marche. Le ministre de l’Immigration annonce, en effet, une chute considérable du nombre des sans-papiers en France. Il en a fait la révélation dans une interview à paraître aujourd’hui dans Le Figaro Magazine. «Le nombre de clandestins a diminué, pour la première fois, depuis une génération», a-t-il déclaré, ventant son bilan 2007. Il jubile en ces termes : «La nouvelle politique d’immigration a produit des résultats».
Dans son calcul, Hortefeux estime à environ 6 % la diminution des sans- papiers dont le nombre officiel n’est pourtant pas connu (ils seraient entre 200 000 et 400 000). Qu’à cela ne tienne, le locataire du très controversé département, en ce sens qu’il associe Immigration, Intégration, et Identité nationale, n’est pas à court d’indices pour faire «ses» chiffres. Il faut dire que c’est sur sa propension à expulser davantage de sans-papiers que son résultat sera jugé. Et, donc, sa côte montera auprès du Président. Pour ainsi justifier la diminution des clandestins, l’ancien directeur de cabinet de Sarkozy avance quatre indicateurs.
D’abord, il «observe» que le nombre de sans-papiers bénéficiant de l’aide médicale d’Etat (Ame) a baissé de 4 %, entre septembre 2006 et septembre 2007.
Ensuite, il soutient que le nombre d’ «éloignements», terme que le gouvernement préfère à «expulsions», a été «maintenu à un niveau très élevé : prés de 23 000 éloignements en 2007». Grâce à ce résultat, «depuis 2002, 105 000 clandestins ont quitté la France».
Troisième indicateur souligné par Hortefeux : le refoulement à la frontière, c’est-à-dire «les étrangers qui ont tenté d’entrer en France, mais qui en ont été empêchés». Selon le ministre, ils ont été 26 500 à voir le rêve de la France se briser aux portes de celle-ci. C’est là une conséquence du renforcement des contrôles aéroportuaires, maritimes et terrestres. Cette fermeture à triple serrure a fait que «depuis 2002, 205 000 clandestins ont été raccompagnés dans leur pays avant même d’entrer sur notre territoire».
Enfin, la diminution du nombre de demandeurs d’asile déboutés constitue le quatrième indicateur du ministre de l’Immigration. «35 200 demandes d’asile ont été reçues en 2007, ce qui représente une baisse de 10,5% par rapport à 2006.» «Et, 26 400 personnes ont été déboutées 32 000 en 2006», déclare Hortefeux. Qui explique : «Moins de déboutés, c’est moins de clandestins».
Dans ce résultat, le ministre y voit l’effet de la «quadruple rupture» engagée en matière d’immigration, notamment depuis l’avènement de Sarkozy à l’Elysée. Sur ce tableau, on note : une expulsion exponentielle des sans- papiers, et une augmentation de l’immigration professionnelle au détriment de l’immigration familiale, qui est encore appelé à chuter avec la nouvelle loi votée à la rentrée. Aussi, Hortefeux soutient-il que «la France accueille davantage de vrais réfugiés politiques, et nous décourageons les demandes abusives (…) et le nombre de retours volontaires a augmenté : en 2007, 4600 personnes ont quitté la France avec une aide financière pour faciliter leur réinsertion alors qu’ils étaient 2400 en 2006».
Malgré cette diminution annoncée, il y a toutefois un bémol dans le bilan du ministre de l’Immigration. En effet, il n’a pas tout à fait rempli la feuille de mission que lui avait remis Sarkozy en juin 2007, lors de son installation rue Grenelle. Sur les 25 000 expulsions que lui avait exigées le Président Sarkozy, il n’en aura obtenu qu’un peu plus de 23 000. Et pourtant, il aura fait des pieds et des mains pour y parvenir, en faisant notamment des remontrances aux préfets récalcitrants ou en enjoignant aux employeurs de déclarer leurs salariés en préfecture.
0 Commentaires
Participer à la Discussion