
François Hollande s'est efforcé dimanche de répliquer aux critiques
sur son manque de réactivité face à la crise en donnant rendez-vous aux
Français en 2014, date à laquelle la France aura selon lui franchi une
étape majeure vers son redressement après un tour de vis fiscal sans
précédent en 2013. Empruntant à la stratégie adoptée par l'ancien chancelier
allemand Gerhard Schröder il y a dix ans, le chef de l'Etat a indiqué
que malgré une croissance plus faible que prévu en 2013, "sans doute
0,8%", la France tiendrait ses engagements budgétaires et procéderait à
des réformes structurelles.
"L'agenda du redressement, c'est 2014", a-t-il déclaré lors du
journal de 20 heures de TF1, où il a notamment promis d'inverser la
courbe du chômage d'ici un an et détaillé une série de mesures fiscales,
telle la taxe de 75% sur la part des revenus supérieure à un million
d'euros.
Le président a néanmoins prévenu que les classes moyennes
n'échapperaient pas au durcissement fiscal puisque le gel du barème de
l'impôt sur le revenu, excepté pour les deux premières tranches, aura
pour effet de ponctionner les ménages.
L'effort de 30 milliards nécessaire pour boucler le budget 2013
sera partagé en trois - 10 milliards d'économies, 10 milliards de
prélèvements supplémentaires pour les grandes entreprises et 10
milliards pour les ménages aisés.
Cet entretien de rentrée, le premier de ce type depuis le 14
juillet, survient alors que commence cette semaine une session
extraordinaire du Parlement au cours de laquelle le plan pour le
logement et la création des "emplois d'avenir" destinés aux jeunes sans
qualification devraient être votés.
Le président n'a pas exclu l'idée d'une hausse de la cotisation
sociale généralisée (CSG) et évoqué des "prélèvements écologiques" afin
de trouver des ressources "qui puissent se substituer aux prélèvements
sur le travail".
La CSG est prélevée sur tous les revenus, y compris ceux provenant du patrimoine, contrairement à l'impôt sur le revenu.
"EN SITUATION DE COMBAT"
Alors que la barre des trois millions de chômeurs vient d'être
franchie, le chef de l'Etat a donné aux partenaires sociaux jusqu'à la
fin de l'année pour trouver un "compromis historique" sur la réforme du
marché du travail.
François Hollande a expliqué que les réformes viseraient à ce que
"les salariés soient davantage protégés, que la précarité soit réduite
et que les entreprises puissent s'adapter face aux mouvements de
l'activité (...) il faut que cela soit plus souple et à la fois plus
protecteur".
Le sens de la réforme - les entreprises disposeraient plus de
souplesse si elles font un effort en faveur de l'emploi - est celui en
vigueur en Allemagne depuis 2002 dans l'"Agenda 2010".
Faute d'accord entre syndicats et patronat, le chef de l'Etat a
laissé entendre qu'il passerait par la loi : "L'Etat prendra ses
responsabilités", a-t-il prévenu.
Interrogé sur son style de présidence, François Hollande s'est
placé en première ligne aux côtés de son Premier ministre Jean-Marc
Ayrault, dont il a salué les qualités de "sérieux".
"Je suis en situation de combat", a-t-il dit, défendant au
passage le tandem qu'il forme avec l'ancien maire de Nantes en annonçant
qu'il serait "en première ligne" avec lui.
"Nous avons besoin d'une équipe, il l'anime et en même temps je
ne me détourne pas de ma propre responsabilité. Je ne me défausse pas
sur le Premier ministre", a insisté François Hollande.
"C'EST FINI"
Il a mis sur le compte de l'inexpérience l'impression de cacophonie durant les premiers mois de son gouvernement.
"Sur les 16 ministres pleins, seulement cinq avaient exercé des
fonctions gouvernementales, et encore il y a dix ans", a fait remarquer
le chef de l'Etat. "Qu'il y ait quelques ajustements, je ne les blâme
pas. Mais c'est fini."
La prestation présidentielle a été saluée par la majorité.
"La présidence de combat a commencé", a réagi le ministre du
Redressement productif, Arnaud Montebourg, tandis que la première
secrétaire du PS, Martine Aubry, félicitait un président "mobilisé et
mobilisateur".
L'UMP est logiquement beaucoup plus sévère, à l'image de
l'ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, pour qui le président
n'a "pas de vision".
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a dénoncé un "un
président totalement impuissant" qui "nous a expliqué qu'il avait un
gouvernement d'amateurs".
Elu contre Nicolas Sarkozy avec 51,6% des voix il y a quatre
mois, François Hollande a vu sa cote de popularité chuter après un été
qui a donné l'impression d'une pause dans les réformes et une rentrée
marquée par des tensions au sein du gouvernement.
François Hollande perd 14 points dans un sondage OpinionWay à
paraître lundi dans Metro. Il recueille 46% d'opinions favorables contre
40% d'opinions négatives (+9), tandis que l'action du Premier ministre
est jugée favorablement à 46% et défavorablement à 33% (+8).
Avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse
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