A son corps défendant, il est le président qui aura permis l'alternance. Mais, à la différence d'un Chirac, il n'aura surtout jamais su comprendre intimement le pays.
Que restera-t-il de Giscard?? D’abord et avant tout, parce qu’on a parfois tendance à l’oublier, cette belle conviction européenne, portée haut jusqu’au bout de sa vie politique. Il y a aussi toutes ces réformes sociétales qu’il a rapidement mises en œuvre après son élection à la présidence de la République, en 1974. Majorité à 18 ans, remboursement de la pilule et, bien sûr, loi Veil sur l’avortement, à laquelle il a d’une certaine manière apporté «un soutien sans participation», avant de se l’approprier une fois votée. C’est le Giscard modernisateur, longtemps plus jeune président élu, avant qu’Emmanuel Macron ne le détrône.
Valéry Giscard d’Estaing, un septennat et au revoir
Mais ce Giscard-là, qui est aussi celui qui a séduit les Français en innovant en termes de communication politique, n’aura pas tenu la distance de son propre septennat, relégué par le Giscard conservateur, le vrai, plus sincère en tout cas. Le problème, c’est que ce Giscard-là, pétri de certitudes économiques libérales, a été englouti par la vague du chômage de masse consécutive au premier choc pétrolier. Emporté, balayé, au point de laisser la place libre en 1981… à la gauche?!
Le vrai héritage de Giscard est là?: avoir été le président qui aura permis l’alternance. Elle est aujourd’hui entrée dans les mœurs. Elle fut, en 1981, un événement historique. Giscard aura évidemment ouvert cette voie à son corps défendant. Ce corps qui à la télévision dira «au revoir» si maladroitement aux Français. Ces images font aujourd’hui sourire. Mais elles symbolisent si bien la faille giscardienne?: cette incompréhension qui finalement définit le mieux le rapport qu’il a entretenu avec les Français. Giscard se sera plaint toute sa vie d’avoir été incompris d’eux. Fatale erreur, sans doute liée à cette arrogance si fortement ancrée en lui. En fait, c’est Giscard obnubilé par l’écriture de sa propre histoire, qui n’a pas compris les Français –?à l’inverse d’un Jacques Chirac, qu’il aura poursuivi toute sa vie. Alors, quand ils se décident à voter à gauche, Giscard ne peut pas le comprendre. Il ne s’en remettra jamais. Il aura à ses dépens écrit un chapitre de la grande histoire.
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