Plusieurs cas de H5N1 ont été confirmés au Niger, qui devient le deuxième pays africain, après le Nigeria voisin, touché par la souche mortelle du virus de la grippe aviaire. C'est ce qu'ont montré des tests réalisés dans un laboratoire de Padoue, en Italie, présentés lundi à Paris au cours d'une conférence internationale sur la maladie, en présence de responsables des services vétérinaires d'une cinquantaine de pays.
Le virus a également été signalé en Egypte. Les experts redoutent une propagation du H5N1 en Afrique, mal préparée à faire face à une crise sanitaire en raison de son manque d'infrastructures. Avant d'être identifié, le virus s'est vraisemblablement diffusé à bas bruit au Nigeria, où les efforts pour le contenir sont freinés par le manque de ressources et d'information.
Bernard Vallat, directeur de l'Organisation mondiale de la santé animale (Oie), n'est pas surpris de la présence du H5N1 au Niger, et s'attend à le voir surgir au Bénin, au Cameroun et au Tchad, pays voisins. "Nous savons que le virus au Nigeria a envahi une grande partie du pays. Les mesures de confinement n'ont pas été prises et la transparence ne s'est pas appliquée dès le début. Maintenant, nous savons que tous les pays voisins du Nigeria sont sous une très grande menace", a-t-il expliqué.
Le virus, ajoute M. Vallat, est un danger immédiat pour les paysans africains dont la survie dépend de leurs volailles. Plus largement, "plus le virus se répandra à travers le monde, plus il aura d'occasions de se transformer en virus plus dangereux pour les humains".
Depuis 2003, la grippe aviaire a infecté 173 personnes et en a tué 93 dans le monde, essentiellement en Asie, selon un nouveau bilan fourni lundi par l'OMS à Genève. Tous les cas humains ont été liés à un contact avec des animaux infectés, mais les experts craignent que le virus puisse muter en une forme facilement transmissible à l'homme et provoquer ainsi une pandémie humaine.
D'après Ilaria Capua, chef du laboratoire de Padoue, le H5N1, à terme, risque d'être endémique sur le continent africain. "Etant donné leur type d'agriculture et leurs conditions d'hygiène dans l'élevage", avec une forte promiscuité des humains et des volailles, "je pense que c'est seulement le début", a-t-elle déclaré.
En outre, elle a reconnu dans un entretien à l'Associated Press que les scientifiques connaissent mal le rôle des oiseaux migrateurs dans la transmission de la maladie. "Il y a un énorme trou noir à propos des oiseaux sauvages, sur lequel nous ne savons absolument rien". Le seul espoir est que le virus ne mute pas, ajoute-t-elle.
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