
François Hollande sera ce samedi 19 mars le premier président de la République à commémorer le cessez-le-feu entre la France et l’Algérie en 1962. Le chef de l’Etat a choisi la date du 19 mars. Un choix qui fait polémique car 54 ans plus tard, les blessures de cette guerre sont loin d’être refermées.
L’Elysée l’assure : François Hollande ne sera pas dans la registre de la « repentance » mais veut au contraire dépasser la guerre des mémoires, rassembler, « ouvrir une nouvelle page » pour cette commémoration du cessez-le-feu qui a mis fin aux combats de la guerre d'Algérie.
Le sujet est sensible et agite la classe politique. Dans les pages du journal le Figaro, Nicolas Sarkozy dénonce la date du 19 mars choisie par François Hollande. Pour le patron des Républicains, cela revient à prendre parti pour le FLN, considérer que « la France était du mauvais côté de l’Histoire ». Marine Le Pen accuse elle François Hollande de « violer la mémoire » des anciens combattants français.
La position du chef de l'opposition et de la présidente du Front National n'est pas une surprise. Les harkis et les Français rapatriés ont toujours été dragués par la droite et l'extrême-droite. Selon eux, les accords d’Evian sont une défaite et ils restent traumatisés par les violences et les exactions qui se sont poursuivies après la signature du cessez-le-feu.
Une polémique ancienne
En son temps, Jacques Chirac avait joué la prudence et choisi le 5 décembre pour la célébrer. Une date « neutre ». Et si on remonte plus loin, François Mitterrand refusa lui aussi de reconnaître le 19 mars. L’ancien président a été ministre de la Justice sous Guy Mollet pendant la guerre d’Algérie. Et il sera dans le camp des durs, notamment sur la peine de mort. Dans 80 % des cas de demandes de grâces connus, François Mitterrand a refusé. 45 personnes seront guillotinées pendant ses années de Garde des Sceaux. Contrairement à ce qu'on a pu croire, ces premiers condamnés à mort exécutés de la guerre d'Algérie ne sont pas des poseurs de bombe. Ils ont participé à l'insurrection, mais souvent sans commettre de meurtre.
La loi de 2012 consacre le 19 mars
En 2012, une loi déposée par les députés socialistes a consacré le 19 mars comme la Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Mais c'est la première fois que François Hollande va prononcer un discours. Le président français souhaite aller au-delà de ces vieilles rancœurs et de la guerre des mémoires, trouver un « compromis mémoriel ».
A 13 mois de la présidentielle, son objectif politique est double : envoyer un message à la gauche sur une question symbolique et montrer sa différence avec la droite.
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